Gel des semis de maïs en hiver, à lever impérativement avant le printemps. Loi de coexistence OGM – non OGM qui fait fi de la protection des systèmes agraires. En quelques jours, le gouvernement et N. Sarkozy auront renié leurs engagements pris durant le Grenelle de l’environnement en matière de plantes transgéniques. La Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France s’élève contre des décisions qui mettent en péril la production biologique et la biodiversité, et vont à l’encontre de l’intérêt de l’Europe et des demandes des citoyens.
Le « gel » ou le moratoire sur les cultures OGM en France ne devraient donc durer que le temps d’un hiver, pour faire plaisir aux maïsiculteurs, à leurs coopératives et aux semenciers. En fixant la date du 9 février pour lever l’interdiction du MON 810 et en s’abstenant d’invoquer la clause de sauvegarde à Bruxelles pour donner du temps au comité d’experts indépendant chargé de réexaminer le dossier des OGM, le gouvernement rompt ses engagements pris au Grenelle. Car il ne peut y avoir de travail sérieux de ce comité d’experts si la date et le résultat de ses travaux sont connus à l’avance.
Il en est de même pour la loi, que le gouvernement semble vouloir faire passer en urgence avant le 9 février, date qui verra le Parlement se mettre en vacances pour raison d’élections municipales ; Le projet, déposé la semaine dernière au Conseil d’Etat, a été élaboré sans consultation aucune. Loin de protéger les systèmes agraires, ce projet permet la contamination des cultures sans OGM, nie la primauté du « produire sans OGM », et ne met pas en place une indemnisation des producteurs contaminés satisfaisante.
Le dernier vote de la France à Bruxelles, en soutien à la demande autrichienne d’interdire les cultures OGM sur son territoire, avait donné l’espoir d’un changement de notre pays, qui pouvait faire basculer la majorité européenne vers une autre politique OGM que celle préconisée et mise en œuvre par la Commission. En prenant de facto le parti des producteurs d’OGM, Paris désespère tous ceux qui, dans l’UE, avaient pensé que notre pays profiterait de sa présidence de l’Union pour proposer une réforme des procédures en matière d’OGM, au profit des demandes des citoyens, et des productions de qualité.
Avec l’ensemble des organisations ayant œuvré au Grenelle pour un gel durable des semis de maïs OGM et pour une transcription des directives européennes privilégiant la production et la consommation sans OGM, la FNAB va désormais agir à tous les niveaux pour que les promesses du Grenelle soient tenues.
Suite à la remise en cause par le gouvernement de la décision du Grenelle d’activer au niveau européen la clause de sauvegarde sur la culture du maà¯s MON810, décision sur laquelle s’étaient pourtant engagés le président de la République, le ministre d’Etat et la secrétaire d’Etat, les associations de l’Alliance pour la planète suspendent officiellement leur participation au processus de suivi du Grenelle tant que le dispositif de suivi à cinq collèges n’est pas rétabli.
L’Alliance demande au Ministre d’Etat Jean-Louis Borloo d’organiser en urgence une réunion du groupe de contact inter collèges et de stopper un processus opaque et unilatéral qui sape les résultats du Grenelle. Pour rappel, le président de la République lui-même s’était engagé lors de son discours de clôture du Grenelle sur la poursuite de ce qu’il appelait " le dialogue à cinq " : " Le Grenelle n’est pas une fin, c’est un commencement. Et nous allons confier " aux cinq " le suivi de ce qui a été décidé en commun ".
" Déchets, forêts, publicité, éco-pastille, OGM… les premières mesures de suivi et de mise en Å“uvre du Grenelle conduisent à une remise en cause une à une des décisions prises il y a moins de 6 semaines. Ce résultat est évidemment lié au processus unilatéral choisi à ce stade par le gouvernement " déclare Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace et porte-parole de l’Alliance pour la planète.
Ces dernières semaines, la plupart des participants au Grenelle ont demandé avec force et insistance au gouvernement d’associer des représentants des différents collèges à la phase de suivi, conformément aux étapes précédentes du Grenelle et aux assurances formelles données par le président de la République. En vain !
" L’Alliance demande au président de la République et au ministre d’Etat de remettre en marche la dynamique de travail collective et ainsi de restaurer la confiance " ajoute Yannick Jadot.