Les associations de protection de l’environnement lancent cette semaine un appel au Parlement européen pour empêcher l’introduction d’Organismes Génétiquement Modifiés dans la filière biologique. Cet appel intervient alors qu’une nouvelle loi [1 ;2] doit être votée demain : si elle est adoptée, l’agriculture biologique ne serait plus 100% garantie sans OGM.
Selon Mauro Albrizio, vice-président du Bureau Européen de l’Environnement : « La filière biologique représente pour l’agriculture européenne un bien inestimable. Le Parlement européen devrait soutenir l’agriculture biologique au lieu de l’exposer à une contamination par des organismes génétiquement modifiés, que les consommateurs rejettent par ailleurs. »
Alors que l’utilisation d’organismes génétiquement modifiées (GM) est actuellement interdite dans la filière biologique, la loi en préparation en autorise des traces. De même, elle ne comprend aucune mesure visant à arrêter la contamination des fermes touchées par des souches GM [3].
Une grande proportion de citoyens européens est opposée à la culture de plants GM et à leur présence dans leur alimentation, et il en a été ainsi au cours des dix dernières années, comme l’a confirmé le sondage menée en juin 2006 par l’Union européenne [4].
Selon Marco Contiero, responsable OGM dans la section européenne de Greenpeace : « Les consommateurs achètent des produits biologiques car ils sont certains qu’ils sont 100% sans OGM. Autoriser les OGM dans l’alimentation biologique irait à l’encontre du choix du consommateur et autoriserait les industriels à contaminer notre alimentation et décider de ce que nous mangeons ».
Christian Berdot, référent OGM au sein des Amis de la Terre ajoute : « L’agriculture biologique est le seul secteur agricole européen qui soit en croissance. Ce secteur, qui dispose d’emplois de qualité, permet le maintien d’économies rurales, mais il pourrait être ruiné par l’incapacité des industries biotechnologiques à contrôler leurs cultures. Nous avons besoin de lois qui puissent permettre à la filière biologique de se développer et de produire une alimentation en adéquation avec les souhaits des Européens. »
Les associations environnementales insistent pour que les membres du Parlement européen, la Commission européenne et les Etats-membres prennent les mesures nécessaires pour empêcher toute contamination génétique. Outre la nouvelle loi sur les produits issus de l’agriculture biologique, des lois strictes sur la culture commerciale d’OGM et les menaces de contamination ("coexistence") s’imposent.
Notes :
[1] Proposition d’un règlement du Conseil sur la production biologique et l’étiquetage des produits biologiques (COM(2005)0671 - C6-0032/2006 - 2005/0278(CNS))
[2] Le Bureau Européen de l’Environnement, Les Amis de la Terre et Greenpeace appellent les parlementaires européens à voter un amendement au rapport qui était soutenu de manière unanime par tous les partis politiques du Comité Environnement du Parlement : "Dans ce règlement, le seuil d’étiquetage des OGM tel que défini dans la directive 2001/18/EC du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 sur la dissémination volontaire des OGM dans l’environnement ne devrait pas s’appliquer".
[3] La loi proposée, si adoptée en l’état, autoriserait un taux de contamination de 0.9% d’OGM dans les produits biologiques. La loi autoriserait la contamination qu’à partir du moment où elle serait "fortuite" et "techniquement inévitable", cependant, il est évident que la Commission européenne et les responsables en charge d’évaluer les risques sous-estiment le taux de contamination en adoptant un seuil de 0.9% qui signifierait en réalité une contamination "acceptable". La filière biologique travaille actuellement pour imposer un seuil plus bas et obtenir de l’Union européenne qu’elle soutienne les agriculteurs et ditributeurs de produits biologiques et maintienne les normes actuelles.
[4] Eurobarometer study (Gaskell et al., June 2006)