Selon un rapport publié le 18 avril dernier par le Ministère de l’Ecologie sur l’efficacité de la filière piles et accumulateurs (D4E), il apparaît que "du point de vue des coûts sociaux (coûts de gestion moins les avantages environnementaux), le recyclage ne se justifie pour aucun type de piles et accumulateurs (sauf les piles bouton au mercure)". Il est pourtant avéré que l’incinération et la mise en décharge de ces produits entraînent de lourds impacts sur l’environnement. Brûler ou enfouir les piles et accumulateurs chargés en métaux lourds occasionne non seulement une pollution de l’air du fait des émissions atmosphériques, mais aussi une pollution de l’eau souterraine du fait de la lixiviation (jus organique découlant des déchets stockés). Pour preuve, sur les 20 premiers établissements émetteurs de plomb, 14 sont des unités d’incinération d’ordures ménagères.
Dans ce rapport, la grande critique faite au recyclage est son coût. Il faut compter en moyenne, 1000 euros /t pour tout traitement de piles et accumulateurs. En comparaison, les coûts de l’incinération (78 euros/t) et du stockage en décharge (70 euros/t) paraissent dérisoires. Dans un souci de protection de l’environnement, il serait donc judicieux d’augmenter le coût de la mise en décharge et de l’incinération qui ne prend pas en compte les coûts réels sur l’environnement et la santé publique. Malgré la conclusion (effrayante) de ce rapport, le recyclage reste une filière de traitement justifiée. Les émissions liées à ce mode de traitement sont 200 fois inférieures à celles occasionnées par les incinérateurs ; il permet de plus d’éviter les lourdes pollutions engendrées par l’extraction de matières premières vierges et le raffinement. L’analyse de cette étude est donc dangereuse. Elle laisse entendre que trier et recycler ses piles ne sert à rien. Trop économique, ce rapport oublie l’essentiel.
Cependant, il faut préciser que la filière de recyclage est loin d’être la panacée. Onéreuse et peu efficace pour le moment (seul 25 % des piles sont collectés), elle expose les opérateurs à des risques d’intoxication par le plomb et le mercure. La meilleure solution possible reste donc de réduire sa consommation de piles. Pour éviter tout impact environnemental, il faut aller en amont du tri et du recyclage. De nos jours, beaucoup de produits nécessitent des piles pour fonctionner. Lecteur Mp3, lampes de poches, télécommandes... Usons des énergies alternatives : le solaire, le mécanique, le rechargeable... Il existe aujourd’hui une lampe de poche qui marche pendant une heure après avoir tourné une manivelle pendant une minute. D’autres objets design fonctionnent actuellement grâce à ces " nouvelles " énergies. En plus d’être " tendance ", soyons responsables.