Alors que s’achève la première journée de consultation sur le Grenelle
de l’environnement, les associations membres de l’Alliance pour la
planète dressent un bilan en demi-teinte de leur rencontre avec le
président de la République Nicolas Sarkozy et le ministre d’Etat Alain
Juppé.
Du coté positif, le chef de l’Etat et les associations sont tombés
d’accord sur certains points de méthode c’est à dire : une véritable
négociation, un engagement de l’Etat, aucun sujet tabou et une
négociation sur le coeur des politiques qui ont un impact majeur sur
l’environnement, à savoir énergie, agriculture, transports...
En revanche, la réunion a montré qu’il existe des divergences fortes
dans certains domaines : OGM, incinération, agriculture et nucléaire.
En refusant de geler certains projets majeurs, décidés à la hâte ces
derniers mois par le gouvernement Villepin comme par exemple la
publication des décrets autorisant la construction de l’EPR une dizaine
de jours avant le premier tour des élections, le Président Nicolas
Sarkozy risque de discréditer les négociations qu’il souhaite engager en
octobre prochain lors du Grenelle de l’environnement.
Les associations membres de l’Alliance pour la planète continueront
d’insister pour que le Grenelle de l’environnement garantisse un
véritable espace de négociation et pour que l’ensemble des politiques ne
soit pas décidé d’avance.
Ils en avaient tellement envie ! Eux, les écologistes, les zozos, ceux qui veulent s’éclairer à la bougie, ceux dont la classe politique franà§aise ricane depuis trente ans, et voilà que not’ nouveau président les reà§oit en petites pompes à l’Elysée ! Et leur dit tout ce qu’ils voulaient entendre : en octobre prochain, les gars, j’organise un " Grenelle de l’environnement ". Oui, Grenelle, comme en mai 68 ! Et on parlera de tout, " sans tabous "…
Et, attention, on se fixera des objectifs précis, chiffrés, sur cinq ans, à§a sera du concret, du solide, pas du bla-bla. D’ailleurs, c’est l’aimable Juppé, avec sa tête de converti à l’écologie, qui va s’occuper de tout, lui et son Grand ministère du Développement durable. Affriolant, non ? Alors les neuf présidents d’associations écolos (de Greenpeace à WWF en passant par les Amis de la Terre) sont sortis de l’Elysée ravis.
" Une rencontre historique ", a dit l’ami des oiseaux Bougrain Dubourg. " On met enfin de côté nos petits préjugés ", dit Nicolas Hulot. Quels préjugés ? En février dernier, l’Alliance pour la planète, qui rassemble 71 associations de défense de l’environnement (dont celles qu’a reà§ues Sarkozy lundi), avait examiné à la loupe et noté les programmes des candidats : avec 8,5 sur 20, Sarko avait écopé d’une des pires notes écolos.
Il faut dire que l’homme " qui va faire ce qu’il dit " l’avait très nettement dit : il voulait bien tout mettre sur la table, sauf…
Sauf le nucléaire : pas question d’un moratoire sur l’EPR.
Sauf les OGM : pas question d’arrêter les essais en plein champ.
Sauf les autoroutes : pas question de cesser d’en mettre partout.
Et puis pas question non plus de déranger les tenants de l’agro-industrie qui ont fait de la France un champion mondial des pesticides, et de ses rivières parmi les plus polluées d’Europe.
Pas question, même si toutes les villes de plus de 100 000 habitants sont désormais abonnées aux pics d’ozone et de gaz carbonique (24 jours par an en moyenne) et qu’une étude de l’Inserm vient de prouver que les gaz d’échappement rendent vraiment les enfants malades (asthme et eczéma), pas question de s’attaquer à la bagnole.
Pas question non plus d’énerver nos amis chasseurs. Ni l’ami Bouygues, qui continue de couvrir la France d’antennes relais. Ni l’ami Proglio, qui trouve que 158 incinérateurs (record mondial) ne suffisent pas vraiment. Etc. Bref, si quelqu’un a de " petits préjugés " sur l’écologie, c’est bien Sarkozy !
Et justement : aujourd’hui, les Verts sont dans les choux, et l’écologie politique à la ramasse. Avant les législatives, il essaie donc de rafler la mise en montrant que, plus Vert que lui, y a pas, même à gauche. De là à croire qu’à peine élu il a de nouveau " changé "…Ah, un détail : le " Grenelle de l’environnement ", qui devait avoir lieu en septembre, est repoussé à la première quinzaine d’octobre. Cas de force majeure : Nicolas Hulot doit finir un tournage pour TF1.
Un dessin illustre cet article avec un dialogue entre Juppé et les ONG environnementales :
Les ONG : “- Si vous continuez le nucléaire, les OGM et les autoroutes, on parle de quoi ?â€Â
Juppé : “- De l’ours des Pyrénées, si vous voulezâ€Â