Un consensus se dessine en France sur une diminution des pesticides

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Un consensus se dessine en France sur une diminution des pesticides

Ce sera l’un des grands débats du Grenelle de l’environnement. La France, troisième utilisateur au monde de pesticides, peut-elle changer de cap ? Les groupes de travail sur la santé et l’agriculture, qui ont tous deux terminé leurs travaux lundi 24 septembre, se sont accordés sur le principe d’un plan de réduction.

Nicolas Sarkozy lui-même avait prévenu les agriculteurs, le 11 septembre, jugeant un tel plan "indispensable". Les modalités en sont déjà vivement débattues. L’objectif de -50 % en dix ans, approuvé par la majorité dans les groupes de travail, est contesté par l’industrie chimique et le monde agricole.

En 2006, quelque 70 000 tonnes de pesticides ont été utilisées en France pour protéger les plantes des insectes ravageurs, mauvaises herbes et autres champignons, essentiellement sur les terres agricoles. Les jardiniers, les collectivités locales et les gérants de la voirie publique n’en consomment que 10 %, mais souvent à des doses beaucoup trop élevées.

Conséquence de cet usage massif : des traces de produits sont présentes dans l’air, l’eau, les sols, et l’alimentation. L’institut français de l’environnement les détecte dans plus de 90 % des rivières et 60 % des nappes souterraines.

L’inquiétude sur leur impact en termes de santé publique grandit depuis plusieurs années. Les premiers exposés sont les agriculteurs eux-mêmes. Ils subissent régulièrement des irritations cutanées et pulmonaires. Mais ce sont surtout les effets d’une exposition répétée qui préoccupent.

"ON EST ARRIVÉ AU TAQUET"

Plusieurs études ont mis en évidence des liens entre l’utilisation de pesticides et le développement de cancers. Des effets neurotoxiques et des conséquences sur la reproduction sont également rapportés.

"Ces études ne sont pas nombreuses, et ne sont pas toutes consensuelles, mais elles dessinent tout de même des convergences, constate Daniel Eilstein, du département santé et environnement de l’Institut de veille sanitaire (IVS). Elles demandent à être confirmées. Toute la difficulté consiste à estimer l’exposition des populations concernées."

Quant à l’exposition de l’ensemble de la population, elle n’est pas mesurée avec précision. En effet, si leur présence dans l’eau et l’alimentation est suivie et réglementée, les concentrations dans l’air ou les sols ne sont pas mesurées. Et l’effet cumulatif de contacts répétés à faible dose n’est pas connu, pas plus que l’impact de la synergie entre les produits.

Défendant bec et ongles ses produits, l’industrie chimique met en avant les efforts déjà réalisés. "Les quantités utilisées ont baissé de 40 % entre 1999 et 2000, on est arrivé au taquet", affirme Jean-Charles Bocquet, directeur de l’Union des industries de la protection des plantes. L’indicateur est cependant contesté, car même si leurs dosages diminuent, les produits restent aussi actifs.

Dans le monde agricole, personne ne se pose en ardent défenseur des pesticides. "Il faut que l’opinion comprenne qu’on ne les utilise pas pour le plaisir, mais parce qu’on ne peut pas faire autrement, s’irrite Pascal Ferey, responsable de l’environnement dans le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA. On nous demande le zéro défaut."

Les pesticides, dont l’usage a été encouragé par l’Etat pendant des décennies afin de produire plus, sont devenus l’un des piliers des exploitations agricoles. Une baisse drastique de leur consommation ne peut avoir lieu sans un bouleversement des pratiques.

MANQUE À GAGNER

"Nous sommes les premiers à vouloir réduire les quantités, mais il faut une approche transversale, explique François Lucas, président de la Coordination rurale. Nous devons avoir les moyens de cultiver autrement, de refaire des assolements, d’expérimenter des mélanges de variétés."

"Il faut agir sur le système productif dans sa globalité, pas seulement sur l’un de ses éléments", confirme l’ingénieur agronome et économiste Michel Griffon.

La position de l’écologiste François Veillerette, spécialiste de ces questions, n’est pas si éloignée. "Fixer un objectif de baisse, comme l’ont fait le Danemark ou la Suède, est indispensable, mais il faut aussi définir les moyens d’y parvenir et compenser l’éventuel manque à gagner pour les producteurs", explique-t-il.

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