L’Assemblée Nationale a adopté le 11 janvier un amendement, proposé par X. BERTRAND, pour sécuriser le circuit de retour des médicaments non utilisés (MNU) aux grossistes.
Le renvoi de ces médicaments, dont nous n’avons pas l’usage, vers les pays du Sud était une fausse bonne idée humanitaire. Les pathologies donc leurs besoins sont bien différents des nôtres, le suivi de la validité de vieux médicaments est difficilement assuré, leur transport coûte sans doute plus cher qu’une aide financière directe à l’achat de médicaments correspondant aux réels besoins, et finalement l’industrie pharmaceutique de ces pays (fabriquant des génériques) souffre elle-même de cette concurrence sanitairement peu fiable. On ne peut donc que se réjouir de la décision d’en finir avec un système aussi pervers.
Pour les déchets de médicaments, trop souvent non utilisés, le système reste inchangé. Les gens doivent les ramener à leur officine pour qu’ils soient gérés par Cylamed. Pour la fédération France Nature Environnement, l’enjeu est bien de récupérer le maximum de ces déchets dangereux. Nous espérons qu’enfin Cylamed se donnera les moyens d’atteindre cet objectif.
En rester là, c’est rater l’occasion d’une réorganisation profonde et absolument nécessaire du dispositif de gestion des déchets de la santé, MNU et emballages vides, mais aussi l’ensemble des déchets d’activités de soin.
Là comme ailleurs, la Responsabilité Elargie des Producteurs doit s’appliquer véritablement. Ainsi, les fabricants des produits d’activités de soin devraient également financer le coût total de l’élimination des déchets qu’ils engendrent, pour permettre de financier les collectes spécifiques proposées aux malades par les collectivités.
Concernant les MNU, la véritable question n’est-elle pas : pourquoi tant de médicaments non utilisés ? Pourquoi les quantités de médicaments prescrites par Français sont elles aussi largement supérieures à celles des pays voisins ? Pourquoi, en France, le nombre et le conditionnement des médicaments est-il si mal adapté aux prescriptions, qu’il en reste toujours autant en fin de traitement ?
Cette question de la prévention devrait être la priorité. Elle renvoie notamment aux difficultés financières récurrentes de la Sécurité Sociale. Mais le lobby de l’industrie pharmaceutique refuse d’aborder ce point, fondamental pour l’environnement et pour les comptes de la Sécurité Sociale. Et cette attitude n’est pas durable…