L’Observatoire de l’investissement vient de publier une étude indiquant un fort ralentissement des créations d’emplois dits verts, même si le secteur, aux contours encore flous, reste très dynamique. Pour France Nature Environnement, cette étude montre surtout que trois activités ont créé beaucoup moins d’emplois en 2010 qu’en 2009 : le solaire, l’éolien et l’éco-construction. Ces trois activités paient directement l’absence d’une politique ambitieuse et lisible de soutien. Les décisions des derniers mois (freins à l’éolien dans la loi Grenelle 2, baisse des crédits d’impôt pour l’éco-construction, moratoire puis limitation du soutien au solaire) ne présagent rien de bon pour les créations d’emplois en 2011.
L’économie verte reste la plus dynamique
Malgré un ralentissement de 40%, dans un contexte de crise économique, les secteurs « verts » étudiés sont ceux qui créent le plus d’emplois nets (13 232 créations en deux ans) en France. Ils recensent peu de destructions d’emplois (1609 en deux ans), comparés par exemple à l’aéronautique ou à l’automobile. Les emplois verts représentent donc la filière la plus dynamique pour lutter contre le chômage et sortir de la crise économique qui touche encore largement les autres productions industrielles. Ils rendent aussi notre économie plus robuste face à la montée des prix des énergies et des ressources naturelles.
Le développement des emplois verts est mal évalué
Les quelques secteurs étudiés, d’ailleurs parfois mal choisis (les agro-carburants n’ont rien d’écologique par exemple), ne concernent qu’un pan de l’évolution de l’économie verte. De nombreux autres secteurs échappent au décompte : agriculture biologique, prévention des déchets, conseil en énergie, transport en commun… Les chiffres aujourd’hui disponibles sont donc très partiels, et reflètent mal l’ampleur de la transition vers l’économie verte. Quel dommage d’oublier en route des emplois innovants !
L’économie verte doit être davantage soutenue
La dernière loi de finances a grignoté les soutiens fiscaux aux investissements écologiques, qu’il s’agisse de l’isolation des bâtiments ou de l’agriculture biologique. En parallèle, la prolongation des exonérations d’impôts pour les agrocarburants par exemple, ou encore les abattements de taxes sur l’incinération ou le stockage des déchets, absorbent d’importantes marges financières dans des mesures anti-environnementales.
Pour Gaël Virlouvet, responsable des questions économiques à FNE : « Nous sommes encore loin du New Deal Ecologique annoncé. Pour créer des emplois verts, durables et non-délocalisables, les acteurs publics et privés ont besoin d’y voir clair. C’est la raison pour laquelle FNE demande au Gouvernement de mettre fin aux flottements et atermoiements et d’orienter clairement les investissements en faveur des secteurs où sont créés les emplois à haute valeur environnementale, à commencer par les secteurs « économies d’énergie » et « énergies renouvelables ».Le récent rapport du Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) affirme que 2 % du PIB mondial suffirait pour réaliser la transition vers une économie verte. La France attend-t-elle d’être dépassée par tous ses voisins pour entamer cette transition ? »