Le Comité scientifique (CS) du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) vient d’émettre un avis sur l’évaluation de la toxicité du maïs transgénique MON 810 de la firme Monsanto, suite à une saisine de Monsieur le Député François Grosdidier. Commentaires de France Nature Environnement.
Cette saisine du 15 décembre 2009 concerne l’étude intitulée « A comparison of the effects of three GM corn varieties on mammalian health », menée par J.Spiroux de Vendômois, F. Roullier, D. Cellier & G.E. Séralini. Selon le communiqué de presse publié le 6 janvier par le HCB, cette étude « n’apporte aucun élément scientifique recevable susceptible d’imputer aux trois OGM ré-analysés (dont le MON 810) une quelconque toxicité hématologique, hépatique ou rénale ».
Le communiqué de presse du HCB traduit de manière lapidaire l’avis rendu par le Comité scientifique, beaucoup plus nuancé. Sa lecture intégrale fait en effet apparaître à quel point le dossier de demande d’autorisation présenté par Monsanto est insuffisant pour émettre un avis favorable à la ré-autorisation du maïs MON810.
Pour Lylian Le Goff, co-pilote de la Mission Biotechnologies de FNE, « il suffit de s’en remettre à la constatation rappelée en exergue de l’avis du HCB, pour affirmer que Monsanto n’apporte pas la preuve de l’absence de toxicité de son produit et, par conséquent, que l’on ne peut l’autoriser en cultures et à la consommation ».
En effet, il est clairement indiqué que « Le HCB a fait sienne les observations selon lesquelles les faiblesses des analyses statistiques interdisent de conclure avec suffisamment de certitude à l’absence de risques sanitaires et environnementaux liés aux OGM. Ces faiblesses sont aujourd’hui admises par les instances d’évaluation (AESA [ndr : instance d’évaluation européenne]) ».
Ces « insuffisances » du dossier Monsanto expliquent aussi pourquoi l’étude ayant fait l’objet de la saisine de Monsieur le Député n’a pu aboutir à des conclusions acceptables par le HCB.
Dans ce contexte, il faut rappeler que les cultures commerciales du maïs MON810 ont été suspendues par le gouvernement français selon une clause de sauvegarde, prévue par les dispositions européennes, suite aux travaux du Comité de préfiguration du HCB au décours du Grenelle de l’Environnement. Cette clause s’appliquant jusqu’au renouvellement éventuel, en cours de discussion, de l’autorisation de mise en culture accordée par la Commission européenne. Dans le cadre de cette procédure de renouvellement, le HCB a été saisi par le gouvernement pour émettre un avis : selon son Comité économique, éthique et social (CEES), ce maïs transgénique présente plus de risques que d’avantages.
Lylian Le Goff conclut : « ce nouvel épisode de la saga MON 810 montre à quel point il importe de répondre au vœu émis à deux reprises par le Conseil des ministres européens de l’environnement : disposer de structures d’évaluation indépendantes dotées de moyens pour mener des contre-expertises ».