Son nom, T45, évoque un char soviétique, mais il s’agit en fait du nom d’une variété de colza résistante à l’herbicide « Liberty » commercialisée par l’entreprise Bayer.
La Commission européenne vient d’autoriser son importation en Europe. Il faut savoir que cette variété de colza n’est plus cultivée et que Bayer en a cessé la commercialisation en 2006. Pourquoi Bayer a-t-il, malgré cela, fait une coûteuse demande d’autorisation ?
Le T45 continue de pousser au Canada où il a été cultivé jusqu’en 2005. Ses gènes se sont croisés et ont maintenant leur « existence propre ». C’est pourquoi le colza importé du Canada contient toujours du T45. Et c’est pour éviter que son importation ne soit illégale que Bayer a dû demander cette autorisation.
Pour Philipp Mimkes de la Coordination contre les méfaits de Bayer « il est paradoxal de constater qu’une variété de colza qui n’est plus cultivée a été autorisée à l’importation. Le colza canadien a été contaminé par des croisements avec des variétés GM de sorte que, même dans le colza cultivé conventionnellement, la norme européenne en OGM est dépassée entraînant de ce fait une obligation de déclaration. Nous sommes très exactement confrontés à ce que les opposants à la technologie génétique avaient toujours prédit, c’est-à-dire qu’il est totalement exclu de cultiver parallèlement du colza conventionnel et du colza OGM en raison des très nombreux croisements. »
Il est de toute façon difficile de contrôler le colza. Ses graines minuscules, qui ne manquent pas de se disséminer pendant la récolte et le transport peuvent survivre dans le sol plus de dix ans. Une seule et unique plante OGM peut ainsi contaminer des champs entiers durant des années et des années. De plus le colza a, en Europe, de nombreuses plantes parentes avec lesquelles il peut se croiser et qui peuvent à leur tour se croiser à nouveau avec du colza. L’exemple du Japon, où la culture de colza transgénique n’est pourtant pas autorisée, prouve que si le colza est importé sous forme de graines, il n’est pas possible de stopper son extension, même lorsque sa culture est interdite. C’est pourquoi la Coordination contre les méfaits de Bayer en appelle aux gouvernements des pays européens pour qu’ils interdisent les importations de T45.
Rappelons que le glufosinate contenu dans l’herbicide Liberty fait partie des 22 substances, que l’UE a qualifiées d’extrêmement dangereuses pour la santé en janvier dernier et qu’elle retirera du marché. La Coordination contre les méfaits de Bayer demande une interdiction immédiate du glufosinate et l’arrêt de l’autorisation des semences résistantes à cet herbicide. Traduction : Edith Meyer
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