Le Grenelle a protégé le nucléaire, et l’amendement Ollier avantage le chauffage électrique
Des automobiles ou des infrastructures polluantes sont désormais déclarées "écologiques"
Alors que les députés ont adopté la Loi Grenelle I, le Réseau "Sortir du nucléaire" tient à faire savoir que, comme cela était prévisible dès son lancement, le Grenelle de l’environnement s’avère être globalement une déconvenue pour les écologistes.
Rappelons d’abord que la question du nucléaire a été exclue du "Grenelle" par M. Sarkozy. Les participants [1] au "Grenelle" se sont hélas pliés à cet interdit et n’ont d’ailleurs pas quitté le processus lorsque, le 25 juillet, M. Sarkozy a signé un accord nucléaire avec le dictateur libyen Kadhafi. Les récents évènements au Tricastin, et sur d’autres sites nucléaires, ont pourtant rappelé de façon tonitruante que le nucléaire restait un des pires problèmes environnementaux. Non seulement le nucléaire aurait dû être au programme du Grenelle, mais il aurait même dû en être un des sujets principaux.
Qui plus est, l’adoption du fameux amendement Ollier va avantager le chauffage électrique - et donc le nucléaire - en précisant que le seuil de consommation d’énergie primaire de 50 kwh/m2/an, fixé pour les constructions neuves dès 2012, "sera modulé pour les énergies qui présentent un bilan avantageux en termes d’émissions de gaz à effet de serre". De toute évidence, cet amendement a été rédigé en faveur des intérêts de l’industrie nucléaire.
Sur les autres dossiers, aucune remise en cause, pas même un moratoire, n’a été obtenue concernant les dossiers environnementaux emblématiques : incinérateurs, autoroutes, aéroport "grand-ouest", etc. Les succès, hélas provisoires, obtenus sur la question des OGM ne doivent rien au "Grenelle" et ont été arrachés par les multiples actions des Faucheurs volontaires.
Pire : ce qui était impensable auparavant est hélas possible depuis le "Grenelle" : des véhicules sont dits "propres" sous prétexte qu’ils sont un peu moins polluants que les précédents, le nucléaire est présenté comme "propre et renouvelable", l’autoroute Langon-Pau est maintenue et présentée comme "compatible Grenelle", etc. Non seulement le "Grenelle de l’environnement" n’a quasiment rien apporté à la protection de l’environnement mais, au contraire, il a donné de la légitimé aux activités polluantes.
Le principe même du "Grenelle de l’environnement" impliquait d’ailleurs son échec : il ne fallait pas négocier avec les pollueurs - demande-t-on aux pompiers de négocier avec les pyromanes ? - mais leur imposer les mesures nécessaires, à commencer par un plan de "sortie du nucléaire". M. Sarkozy n’a jamais eu l’intention de prendre la moindre mesure remettant en cause les activités polluantes des multinationales dirigées par ses amis. Le "Grenelle de l’environnement" est donc finalement, et logiquement, une défaite pour l’écologie.
[1] Rappel : le Réseau "Sortir du nucléaire" a refusé de se plier à l’interdiction de discuter du nucléaire, et n’a donc pas participé au "Grenelle de l’environnement".