Alors que le quatrième groupe pétrolier mondial annonce aujourd’hui de nouveaux bénéfices records et une production en hausse pour l’année 2007, les Amis de la Terre rappellent l’énorme coût écologique et humain de ses activités, ainsi que l’absence cruelle d’objectifs clairs et ambitieux en termes de responsabilité sociale et environnementale dans la stratégie du groupe.
Si le bénéfice net de Total en 2007 a subi un très léger repli par rapport à l’année précédente, atteignant encore des montants faramineux de plus de 12 milliards d’euros, le groupe se distingue cependant nettement des autres géants pétroliers par une croissance de sa production d’hydrocarbures de 1,5 %.
Les Amis de la Terre déplorent ce résultat qu’ils considèrent comme une très mauvaise nouvelle, à l’heure de l’urgence écologique et climatique planétaire, et de l’épuisement rapide des ressources fossiles. Alors que tous les citoyens et décideurs politiques du monde discutent d’engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et commencent à réfléchir à un modèle de développement sobre en carbone, le premier réseau écologiste mondial ne peut en effet se réjouir d’un tel résultat.
Gwenael Wasse, chargé de la campagne Industries extractives aux Amis de la Terre, est ironique : « Le fleuron de l’économie hexagonale se veut à la pointe du développement durable, mais reste un dinosaure fossile ! Total est encore à l’heure actuelle à 99 % un groupe pétrolier, assis sur une rente financière qu’il ne veut pas lâcher, au prix, entre autres, de l’environnement et du soutien d’une dictature en Birmanie » . Il précise : « Derrière sa communication vertueuse et son soutien médiatique à des expéditions polaires, ses investissements dans les énergies renouvelables restent ridicules en regard de ses moyens et des milliards investis dans des projets passéistes, pharaoniques et dangereux, comme Kashagan (1) ou les sables bitumineux canadiens ».
Alors que son directeur général considère le pétrole brut comme la « plus belle source d’énergie », une augmentation de la production comme souhaitable et le nucléaire comme un secteur stratégique pour l’avenir, mais aussi l’environnement comme un « devoir » (2) , les Amis de la Terre avouent avoir encore beaucoup de mal à percevoir la stratégie de Total en matière de développement durable. Ils attendent donc que les fréquentes mais très incohérentes déclarations de ses dirigeants sur la responsabilité politique, sociale et environnementale du groupe en général, et climatique en particulier, se traduisent enfin par des engagements concrets chiffrés, clairs et planifiés.
(1) http://www.amisdelaterre.org/Kashagan-un-projet-tres-dangereux.html
(2) Le Monde, Christophe de Margerie, nouveau directeur général de Total, 14/02/2007.