La commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social - dite commission Stiglitz, du nom de son président - a rendu son rapport le mois dernier. Créée à l’initiative de Nicolas Sarkozy en janvier 2008, elle avait pour objectif de "réfléchir aux limites de notre comptabilité nationale (...) et à la meilleure manière de les surmonter pour que la mesure du progrès économique soit plus complète".
On peut sourire quand on sait que ce même Nicolas Sarkozy, quelques mois plus tôt, claironnait qu’il irait chercher un point de croissance supplémentaire "avec les dents". Curieusement, sa conversion à la critique de la croissance est survenue au moment même où celle-ci se dérobait...
Trêve d’ironie, la vérité est bien que le produit intérieur brut (PIB) n’est plus un indicateur pertinent de la santé et du progrès de nos sociétés. Parce qu’il ne prend pas en compte la dégradation de l’environnement et qu’il ne dit rien des inégalités et du bien-être individuel et collectif. Le PIB augmente quand l’Etat dépense des millions d’euros pour ramasser les algues vertes. Il augmente aussi quand nous devons climatiser nos locaux faute de pouvoir ouvrir les fenêtres pour cause de bruit ou de pollution. Il augmente encore quand nous passons des heures en voiture pour nous rendre à notre travail...