L’état de l’économie ? Il est très mauvais. L’économie mondiale n’a pas subi de choc aussi violent depuis 1929. C’est d’abord le résultat de la dérégulation qui a permis à la finance d’échapper à la surveillance mise en place après la crise des années 1930. Mais les désordres de la finance n’auraient pas eu de conséquences aussi lourdes s’ils n’intervenaient pas sur fond de déséquilibres colossaux de l’économie réelle et de remontée des inégalités à des niveaux inconnus depuis le début du XXe siècle. Avec notamment un surendettement massif des ménages américains, contrepartie des excédents fantastiques de la Chine, mais aussi de l’ensemble des pays du Sud. Autrement dit, les surplus tirés de la production au Sud n’ont pas été utilisés en priorité pour développer les systèmes éducatifs et de santé ou pour élever les niveaux de salaire. Ils ont servi surtout à soutenir à bout de bras la surconsommation américaine via l’endettement. L’époque qui se termine apparaîtra probablement comme une période exceptionnelle d’aveuglement collectif à ceux qui en écriront l’histoire...
Face à cette crise (1), gouvernements et banquiers centraux, instruits des leçons de 1929, ont réagi assez rapidement. Même si, comme d’habitude, l’Europe peine à mettre en cohérence les politiques menées sur son territoire. Compte tenu de l’ampleur des déséquilibres, il n’est toutefois pas encore sûr que ces réactions suffisent à stopper la dynamique enclenchée. Notamment aux Etats-Unis, condamnés, d’une façon ou d’une autre, à consommer moins et à épargner plus, une mutation forcément douloureuse.