A l’heure où les Etats membres finalisent leur deuxième plan
d’allocation de quotas de dioxyde de carbone (CO2) pour 2008-2012, le
Réseau Action Climat-France espère qu’ils sauront tirer les leçons de
l’effondrement récent du prix de la tonne de CO2 sur le marché européen.
Dès juin 2004, le RAC-F avait tiré la sonnette d’alarme lors de
l’élaboration du premier plan d’allocation de quotas de la France : si
le plafond total de quotas de CO2 attribués aux exploitants couverts par
ce marché est trop laxiste, le prix du quota (un quota = une tonne de
CO2) s’effondrera et, par là même, l’incitation à investir dans des
technologies peu émettrices de gaz à effet de serre. Le RAC-F avait
calculé que l’enveloppe globale de quotas proposée par le Gouvernement
pour son premier plan représentait 16% de quotas en plus par rapport aux
émissions de 2002
L’heure de vérité est arrivée : en moins de 10 jours, le prix du quota
de CO2 a été divisé par deux. Il est passé d’environ 30 euros le 19
avril à 13,19 euros vendredi 28 avril !
La raison de cet effondrement tient à l’annonce récente par plusieurs
Etats européens, dont la France, des émissions effectives des
exploitants concernés au cours de l’année 2005 qui sont largement
inférieures aux quotas attribués. Selon Point Carbon, en France, les
secteurs de l’industrie et de l’énergie soumis au marché ont émis en
moyenne 14,5% de moins que ce qui leur était autorisé par l’attribution
des quotas
demande opère : le prix du quota de CO2 s’effondre.
Si depuis l’ouverture en janvier 2005 du marché européen de droits
d’émissions, certains se sont félicités du prix relativement élevé du
quota, c’est que la vérité sur la générosité des différents plans
européens d’allocation n’avait pas été dévoilée.
Le pire pourrait encore venir : le 15 mai, l’Union Européenne lèvera le
voile sur l’ensemble des plans de ses Etats membres. Si les émissions
constatées en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne laissent
apparaître un large « surplus » de quotas, le prix du CO2 devrait encore
chuter.
Le RAC-F réitère donc sa mise en garde : une allocation trop généreuse
de quotas tue dans l’oeuf le système de marché et donc les réductions
d’émissions de gaz à effet de serre qui en sont attendues. Le prix du
quota atteste de l’efficacité ou non du mécanisme. Espérons que
l’ensemble des Etats membres en tiendra compte pour réviser à la baisse
leurs allocations dans le cadre de leur deuxième plan.