Aujourd’hui, journée mondiale de l’environnement, se déroulent des actions contre BNP-Paribas, menées par les Amis de la Terre et d’autres ONG dans de nombreux pays européens [1]. En France, des actions sont prévues dans une quizaine de villes.
BNP-Paribas s’apprête en effet à financer la centrale nucléaire de Belene en Bulgarie, extrêmement risquée et controversée. En une semaine, 7000 personnes ont écrit à
BNP-Paribas pour protester. Sortant de sa politique du silence, BNP-Paribas y a répondu en estimant ne pas être impliquée dans le projet. Elle vient à nouveau de changer de position en proposant aux Amis de la Terre de rencontrer son directeur général, M. Baudouin Prot. Les Amis de la Terre rappellent les risques massifs du projet pour la
banque.
La centrale nucléaire de Belene (Nord de la Bulgarie) cumule des risques
massifs et rédhibitoires :
Elle est située dans une zone sismique : en 1977, 120 personnes sont mortes dans un tremblement de terre à 14 km seulement du site ;
L’Etude d’Impact Environnemental a été fortement manipulée et ne tient pas compte des risques sismiques ; elle est actuellement en justice pour ses failles ;
Le type de réacteur choisi est un prototype russe, jamais été expérimenté et donc extrêmement risqué ;
Un tel type de réacteur ne serait très probablement pas autorisé à fonctionner en France.
Depuis 6 mois, plusieurs ONG dont Greenpeace, les Amis de la Terre et une coalition de 160 ONG dans 28 pays européens ont demandé à rencontrer BNP-Paribas. La banque n’a jamais daigné répondre, alors que onze banques internationales déclinaient le projet à cause de ses risques [2]. En mai, BNP-Paribas remportait l’appel d’offre pour financer la
première phase du projet (250 millions d’euros). En réaction, les Amis de la Terre lançaient une cyberaction massive avec d’autres ONG : pas mois de 7000 personnes ont écrit à BNP-Paribas en une semaine, et plus de 60 000 ont été informées des gissements de la banque. Rompant avec sa politique de non-réponse, BNP-Paribas a fait parvenir un bref courrier aux pétitionnaires estimant qu’elle n’est pas impliquée dans le projet, et précise : « A ce jour, la décision de créer la centrale n’est pas encore prise et aucun choix technologique n’a été définitivement arrêté » [3]. Cette réponse est une grossière contre-vérité : lors d’une conférence de presse conjointe le 31 octobre 2006, l’entreprise
d’électricité bulgare NEK et le Ministre bulgare de l’Energie avaient annoncé le choix de la technologie russe VVER 1000/B466 et des constructeurs (Areva NP et Atomstroyexport).
Sébastien Godinot des Amis de la Terre explique : « BNP-Paribas sort de son autisme et s’affole. Hier soir, à la veille de notre journée d’action européenne, elle a changé à nouveau de positionnement en nous proposant de rencontrer son directeur général. Nous apprécions cette ouverture, mais notons que c’est une nouvelle contradiction pour la banque qui affirmait il y a trois jours qu’elle n’était pas impliquée et qu’une réunion était donc inutile ! C’est un premier succès pour les associations et citoyens opposés au projet. »
Daniel Popov, du Centre d’Information et d’Education Environnementale (Bulgarie), présent à Paris pour l’action européenne, ajoute : « Le projet de Belene comporte d’énormes incertitudes technologiques et de procédure. Surtout, il ne répond à aucune nécessité énergétique en Bulgarie. Si BNP-Paribas souhaite investir dans notre pays, elle peut le faire conformément aux buts stratégiques de l’Union européenne en matière énergétique, c’est à dire dans les secteurs de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables ».
Si BNP-Paribas demeure impliquée dans Belene, la campagne s’intensifiera sans nul doute.
[1] Des actions contre BNP-Paribas sont organisées dans les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, France, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg, Macédoine, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Russie
[2] Les banques ayant décliné le projet sont les suivantes : Société Générale / Komerncni Banka, Merril Lynch & Co, Morgan Chase, Credit Suisse / First Boston, Citibank, Lehman Brothers, Commerzbank, Deutsche Bank, Bayerische Landesbank, UniCredit / HVB / Bank Austria - Creditanstalt, KBC / CSOB.
[3] Voir la réponse de BNP-Paribas