Le monde associatif est souvent décrit comme un antidote aux dérives du capitalisme. Pourtant, les associations sont souvent des employeurs et la question du travail fait le plus souvent l’objet d’un déni dans ces structures. Selon Matthieu Hély, cette situation a de profondes implications. Au delà du seul monde associatif, son ouvrage soumet à l’examen la hiérarchisation et la valorisation des activités productives, ainsi que les distinctions couramment admises entre secteurs public et privé ou salariat et bénévolat.
Loin de se cantonner à détourner le titre de l’ouvrage déjà classique de Robert Castel, Matthieu Hély propose ici un prolongement fécond à l’analyse de la société salariale et de l’État social qui s’y adosse. Alors qu’il n’est plus guère besoin d’insister sur leur fragilisation, l’exploration de leurs marges permet en effet de mettre en évidence les fondements du lien étroit qui unit le statut salarial et la protection sociale, tout particulièrement dans notre pays. Telle est sans doute l’une des raisons qui expliquent le foisonnement récent des travaux sociologiques portant sur la question du travail dénié. Matthieu Hély s’inscrit ainsi dans ce courant en étudiant un pan du monde social où ce déni présente des implications particulièrement profondes, celui que constituent les organisations associatives.