Les discussions de groupe sur les déchets au « Grenelle » de l’environnement n’ont pas été à la hauteur de la fameuse « rupture » annoncée : la France ne pourra pas gérer de manière durable ses déchets si le moratoire sur l’incinération n’est pas adopté. A quelques jours de l’ouverture des négociations, le Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets (CNIID), qui représentait l’Alliance pour la Planète au travail de groupe « déchet », ne se satisfera pas de mesures ne répondant pas aux demandes de la société civile, des associations et du corps médical.
La surmédiatisation du Grenelle pourrait faire croire que seules les consultations citoyennes régionales actuellement en cours mobilisent la société civile. Il n’en est rien.
Le samedi 6 ocobre, la manifestation anti-incinération de Clermont-Ferrand a mobilisé près de 4000 personnes venues de toute la France pour dire leur refus de l’incinération, reprenant d’une seule voix le slogan « l’incinération, ni ici, ni ailleurs ». Les médecins locaux sont à l’origine de cette manifestation de grande ampleur symboliquement situé au centre de la France. Pour Sébastien Lapeyre, responsable de la campagne incinération au CNIID, « la demande des professionnels de santé pour un moratoire sur l’incinération et la présence des associations et de la société civile à Clermont-Ferrand est révélateur du front commun élargi contre l’incinération. Dans une démocratie, comment imaginer qu’un message aussi fort ne soit pas entendu par les d&ea ! cute ;cideurs ? »
Le Préfet du Puy de Dôme avait, au mois de juin dernier, remis sa décision sur l’avenir du projet d’incinérateur à Clermont-Ferrand à l’après-Grenelle. Aujourd’hui, l’opposition de plus de 500 médecins clermontois à ce projet pourrait changer la donne si le moratoire national n’était pas retenu.
Même combat à Marseille où les médecins mobilisés contre le projet d’incinérateur imposé par la communauté urbaine de Marseille ont également condamné sans ambiguïté ce projet lors d’une conférence de presse, soutenus par les associations locales, pour un avenir non pollué par les fumées de l’incinérateur de Fos-sur-Mer. Dans une des zones les plus polluées de France par l’activité industrielle, plus de 300 médecins autour de l’Etang de Berre ont signé la demande d’un moratoire sur l’incinérateur au nom du principe de précaution.
L’actualité récente vient nous rappeler les forts risques de dysfonctionnement des incinérateurs : le 5 octobre dernier, l’incinérateur de Metz a recraché des quantités importantes de fumées non épurées dans l’atmosphère suite à un problème dans le système de filtration.
Force est de constater que l’impopularité de l’incinération, ses impacts sanitaires, environnementaux, sociaux et économiques sont incompatibles avec les objectifs annoncés du Grenelle, et plus objectivement avec le défi environnemental qui nous attend dans les années à venir. Au contraire, les alternatives, plus respectueuses de l’environnement et plus intéressantes d’un point de vue socio-économique, permettent d’atteindre ces objectifs et ont fait leur preuve de leur efficacité dans de nombreux pays.