La perte du triple A, dont les effets semblent encore difficiles à percevoir, vient questionner le monde des mutuelles d’assurance sur leurs investissements. « Les grandes mutuelles ont traditionnellement toujours investi en dette française », rappelle Jean-Luc de Boissieu, secrétaire général du Gema. « Les titres de la dette d’Etat ont toujours été considérés comme un placement sans risque, rassurant, et qui correspondait bien au modèle de l’entreprise mutuelle. ». Ainsi, « au minimum un tiers des investissements des mutuelles du Gema sont en OAT. Si la situation venait se dégrader fortement, jusqu’à triple B par exemple, la répercussion serait très grave, mais ce n’est pas le cas pour l’instant. »
Les raisons d’un portefeuille très patriote sont historiques : sans véritables activités à l’étranger, les mutuelles sont attachées au pays où elles travaillent. Avant le passage à l’Euro, elles ont toujours pratiqué l’investissement en Franc, le privilégiant aux autres devises. L’Euro n’a rien changé à cette pratique, chacun continuant d’investir sur son propre marché. « Les administrateurs, qui sont issus de nos sociétaires, ont souvent préféré acheter français, ils se sont toujours montrés plutôt prudents, considérant qu’ils évitaient ainsi la spéculation », explique Jean-Luc de Boissieu. Autre avantage, les obligations d’Etat restent faciles à vendre rapidement – bien plus qu’un bien immobilier- et permettraient de faire face à un besoin urgent de liquidité, en cas de gros sinistre.