"Le nucléaire ne sauvera pas le monde"

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"Le nucléaire ne sauvera pas le monde"

Deux informations importantes ont marqué ce début d’année. L’une a fait les grands titres des journaux. L’autre est passée totalement inarperçue. Première information : la Commission européenne, soucieuse d’indépendance énergétique et de lutte contre le changement climatique, suggère de relancer la construction de centrales nucléaires en Europe. Deuxième information : en Grande-Bretagne, la société British Nuclear group vient de débrancher deux de ses réacteurs, "Dungeness A" et "Sizewell A". Ils étaient les plus anciens de ce type encore en activité dans le monde. Leur démantèlement sera achevé dans... une centaine d’années, annonce le British Nuclear Group.

Ces deux informations peuvent être précisées et mises en perspective. tout d’abord, si la Commission évoque la possibilité de recourir davantage à l’énergie nucléaire, elle rappelle que cette décision relève de chaque Etat. Et que la priorité doit être mise sur la sécurité nucléaire. Deux arguments sont avancés en faveur de l’atome : l’indépendance énergétique vis-à-vis d’autres sources d’énergie (charbon, gaz, pétrole) et la faiblesse des émissions de CO2 (35 grammes de CO2 émis pour chaque kWh produit, contre 1 000 grammes par kWh pour la filière charbon).

Ce dernier point signifie-t-il que le nucléaire est la meilleure arme pour lutter contre le changement climatique ? Probablement pas. Certes, des projets de construction de centrales sont dans les cartons (notamment en Chine) : l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) recense une trentaine de projets sérieux dans le monde. Mais il faut souligner qu’à l’instar de la Grande-Bretagne de nombreux réacteurs vont devoir cesser leur activité dans les prochaines années.

Bilan : la part de l’atome dans la production d’énergie mondiale n’évoluera pas, au mieux, avant 2020 ou 2030. Or selon les spécialistes, l’effort pour lutter contre l’effet de serre et le changement climatique doit être mis en oeuvre... dès maintenant et dans les quinze à vingt prochaines années. Si l’on se souvient que le nucléaire représente un grand maximum de 7% du total de l’énergie produite dans le monde, l’évidence saute aux yeux : tapisser la planètes de centrales nucléaires ne permettrait pas de "changer" les 93% restants en énergie propre. Il n’y a qu’une piste sérieuse à ce jour : la sobriété énergétique.

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