La pratique associative, en se rapprochant de la sphère économique), a connu depuis ces trente dernières années de profondes évolutions pour constituer un ensemble regroupant toutes sortes d’activités qui ont en commun de tracer la voie vers un nouveau mode d’entreprendre, soucieux de réconcilier l’humain avec l’économie, de réhabiliter la solidarité, de lutter contre l’exclusion et le chômage. Cet ensemble constitue aujourd’hui un terrain d’expression privilégiée pour toutes sortes d’expériences innovantes cherchant à répondre à de nombreux besoins collectifs que ni le Marché, ni l’Etat ne semblent pouvoir satisfaire.
Parallèlement à une réduction – réorganisation du travail)- il importe aujourd’hui de libérer les nouvelles formes d’économie sous-jacentes susceptibles de répondre à la demande sociale. Il convient ainsi de tirer parti de gisements d’emplois qui correspondent à des besoins, tant sociaux qu’environnementaux, que la société satisfait mal, en raison de la faiblesse de la demande solvable qui les sous-tend. En effet, face au recul de l’Etat providence, des groupements d’un genre nouveau, combinant tout à la fois une logique économique et une logique sociale), s’imposent comme des modes d’action et d’expression collective) particulièrement adaptés aux besoins décelés dans nos sociétés contemporaines. L’essor de ces groupements, « profondément articulés autour de l’agencement des projets, des volontés et des exigences de la socialisation de leurs membres comme ressort majeur de leur dynamique et de leur permanence ») accompagne l’entrée de la société dans l’ère post industrielle) et, face aux menaces de fractures sociales, il constitue le terrain d’expression privilégiée d’un certain nombre d’intérêts convergents. En se regroupant, les individus obligent par la même les politiques publiques à tenir compte des revendications formulées). En effet, si la finalité de l’entreprise associative consiste le plus souvent dans la « prise en charge économique d’un besoin de société »), cette perspective utilitariste n’a d’autre objet que de proposer des solutions alternatives au paradoxe de l’économie capitaliste. En effet, « non seulement ces nouveaux groupements absorbent une part croissante de l’activité humaine, mais toutes les autres formes d’activités productives en sont désormais dépendantes. De ce fait, ils sont devenus le centre de l’activité productive qui commande à des industries de biens et de services en voie d’automation. Hors, ni le service public, aujourd’hui à bout de souffle, ni le marché, axé sur les services standards et anonymes et déterminés par la valorisation du capital par la marchandise, ne peuvent avoir la même efficacité économique et sociale que les associations dans ce domaine. Une nouvelle révolution dans les modes de production devrait logiquement conduire les associations à se regrouper dans un secteur original, reconnu et garanti institutionnellement par la puissance publique pour favoriser sa pleine expansion). »