L’intervention de la puissance publique en matière de logement est une longue tradition qu’on peut rattacher à la construction de logements ouvriers par les patrons du 19e siècle ou à la création du prélèvement du « 1% logement » sur les salaires par un de ces mêmes patrons dans les années 1950. C’est pendant la Première Guerre mondiale que les loyers ont été bloqués pour la première fois, blocage qui n’a été levé, partiellement, que par la loi de 1948. Et il ne se passe pas de mois qu’une nouvelle initiative ne fleurisse : du quota de 20% de logements sociaux par commune de la loi SRU en 2000, au récent projet de permis de louer en passant par les dispositifs Besson, Méhaignerie, Périssol ou Robien d’encouragement à l’investissement locatif, ou le « bouclier logement » du programme socialiste. Cette intervention n’est pas une spécificité française. Même les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne consacrent aux aides au logement une part de leur budget voisine de celle de la France.
On ne peut se passer de logement. C’est aussi un bien « tutélaire », c’est-à-dire que certains n’en consomment spontanément pas assez parce qu’ils ne prennent pas en compte les bienfaits que leur consommation individuelle procure à la collectivité. On peut donc vouloir loger les démunis au nom de la dignité humaine et de l’efficacité. Le marché locatif met par ailleurs en relation des propriétaires et des locataires en situation d’information très imparfaite et asymétrique. Le pouvoir de monopole du bailleur peut donc réclamer une protection du locataire. La question de la propriété foncière et des droits afférents à ce bien non renouvelable qu’est la terre éloignent aussi le marché du logement de son prototype pur et parfait. Autant de raisons d’une intervention raisonnée des pouvoirs publics.