Michael Shank : En décembre 2007, sept pays d’Amérique du Sud ont officiellement lancé la Banque du Sud en réaction à une opposition grandissante à la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et autres Institutions financières internationales. Quelle est l’importance de ce changement et pourrait-il provoquer d’autres réactions dans les pays en voie de développement ? Se pourrait-il qu’un jour l’influence de la Banque Mondiale et du FMI soit totalement remise en cause ?
Noam Chomsky : Je pense que c’est très important, particulièrement parce que, et contrairement à ce que l’on pense en général ici, ce projet est soutenu par le plus grand pays, le Brésil. La propagande US, la propagande occidentale, tente de créer une division entre la bonne gauche et la mauvaise gauche. La bonne gauche, comme Lula au Brésil, c’est une gauche qui, il y a 40 ans, aurait été renversée par un coup d’état. A présent il représente un espoir, c’est un de leurs sauveurs. Mais la division est plutôt artificielle. Evidemment, ils sont différents. Lula n’est pas Chavez. Mais ils s’entendent plutôt bien, ils coopèrent. Et ils coopèrent avec la Banque du Sud.