Depuis 1975, les modalités d’obtention, par les étrangers, d’une couverture médicale ont été de plus en plus connectées à leur situation administrative. L’évolution des lois, des réglementations et des pratiques en la matière n’a pas suivi un mouvement parfaitement superposable à celui du durcissement des lois qui régissent l’entrée et le séjour des étrangers. Le monde associatif et militant a formulé sur ce sujet des revendications en invoquant notamment des principes de santé publique. Récit des attaques étatiques visant à entraver l’émergence d’une seule et même couverture médicale pour l’ensemble des résidents, français et étrangers, et de ses contre-feux [1].
À partir du début des années 1970, la question de l’accès à la sécurité sociale et plus spécifiquement à l’assurance maladie des personnes étrangères fut à l’intersection entre deux champs des politiques publiques qui connaissaient alors des évolutions majeures et en apparence contradictoires. D’un côté, les politiques d’immigration connaissaient une reformulation dans le sens de la fermeture des frontières à l’immigration de travail [2] ; de l’autre, le processus de généralisation de la Sécurité sociale se poursuivait. Si, à sa création, la Sécurité sociale fut présentée comme ayant vocation à être universelle, le choix d’une affiliation prioritairement sur critères socioprofessionnels avait laissé certaines populations hors du système assurantiel.