Dans un contexte où l’accès à l’emploi se fait toujours plus difficile et où les conditions de travail se durcissent, l’économie sociale et solidaire est-elle en mesure de proposer des façons de « travailler autrement » ?
En France et en Europe au XIXe siècle, l’économie sociale s’est largement construite autour de la « Question sociale ». L’associationnisme, la coopération, la mutualité sont nés de la volonté des mouvements socialistes, ouvriers, chrétiens sociaux ou humanistes d’améliorer le sort des travailleurs et de leurs familles et de contribuer à leur émancipation. Aujourd’hui encore l’économie sociale revendique « un régime particulier d’appropriation, de distribution ou de répartition des gains » (Charte de l’économie sociale, CNLAMCA, 1980) et se veut « génératrice d’emplois de qualité comme d’une meilleure qualité de vie et propose un cadre adapté aux nouvelles formes d’entreprise et de travail » (Déclaration de principes de la Conférence européenne permanente des coopératives, mutualités, associations et fondations, 2001).
De son coté, au tournant des années 1980, l’économie solidaire a émergé dans un contexte d’exclusions durables du marché du travail et d’exploitation des petits producteurs, au Sud comme au Nord, par les grandes firmes capitalistes. Elle a pour projet de « recréer un triangle vertueux entre l’emploi, la cohésion sociale et la démocratie participative » (Manifeste de l’économie solidaire, 2006) et de « créer et/ou consolider des emplois en veillant à leur qualité, à leur pérennité et à leur professionnalisation. » (France Active, 2005)
Il nous semble aujourd’hui opportun de réinterroger l’économie sociale et solidaire, de façon pluridisciplinaire mais aussi au regard de la diversité internationale, sur ses conceptions et pratiques vis-à-vis du travail autour de quatre grandes questions, qui constituent les 4 axes de l’appel à contribution.