L’annonce d’un nouvel EPR à Penly (Seine-Maritime) bafoue les engagements officiels pris lors du Débat public (Novembre 2005 - Février 2006) sur le premier EPR français, actuellement en construction à Flamanville (Manche). En effet, il était explicitement écrit par EDF que le premier EPR devait permettre "d’acquérir une solide expérience de construction et d’exploitation de ces réacteurs de nouvelle génération et d’être prêt le moment venu pour le renouvellement des centrales" (*). En clair, il s’agissait de faire fonctionner ce réacteur avant de décider d’en faire ou non d’autres.
Or, la construction du premier EPR n’en est qu’au début : qui peut donc prétendre avoir à ce jour une "solide expérience de construction et d’exploitation" de l’EPR ? De même, la construction d’un nouvel EPR empêcherait la France de respecter son engagement européen de 20% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2020. Qui plus est, la vague de froid de cet hiver a démontré que la France manquait de moyens de production "de pointe" : elle ne doit donc surtout pas ajouter de nucléaire (qui produit "en base").
Par ailleurs, les incroyables déboires industriels et financiers rencontrés par Areva et EDF, respectivement sur les chantiers des EPR de Finlande et de Flamanville entrainent de très lourds surcoûts (déjà au moins 2,5 milliards en Finlande) qui vont être couverts par les Français. Il apparait indispensable de stopper définitivement le chantier de l’EPR de Flamanville, d’autant que études montrent que, pour un investissement égal, les économies d’énergie et les énergies renouvelables créent jusqu’à 15 fois plus d’emplois que le nucléaire.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle aussi les citoyens à rejeter tout projet d’enfouissement des déchets radioactifs, que ce soit à Bure (Meuse) pour les déchets les plus radioactifs ou dans un des sites que l’Agence nationale pour le gestion des déchets radioactifs s’apprête à désigner pour des déchets dits "FAVL" (Faible activité à vie longue). Il n’existe hélas que des mauvaises options pour les déchets radioactifs, mais les enfouir est la pire de toutes : il s’agit même d’un crime contre les générations futures.
Enfin, le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle solennellement les citoyens à se mobiliser pour sauvegarder la démocratie en France tant qu’il en est encore temps. En 2008, deux représentants du Réseau "Sortir du nucléaire" ont été placés en garde à vue, l’un d’eux étant même perquisitionné par la DST sur réquisition... de la section antiterroriste du Parquet de Paris. Cela fait échos avec la scandaleuse affaire des inculpés de Tarnac par laquelle le pouvoir entend désigner des "ennemis de l’intérieur" pour justifier des politiques liberticides. Les manifestants antinucléaires des années 70 clamaient "Société nucléaire, société policière" : ce cri d’alarme est plus que jamais d’actualité. Par ailleurs, il convient de rappeler que nucléaire "civil" et nucléaire militaire sont indissociables et doivent être combattus ensemble.