L’appel  " Pour un commerce équitable partout ! Changeons la loi !  ",
récemment  lancé  par  la  Confédération  paysanne, Minga et Breizh Ha
Reizh  dénonce  l’Article 60 de la loi française du 2 Août 2005, votée
en  catimini l’été dernier, qui réduit l’équité aux échanges nord-sud,
faisant  du  commerce  équitable un " secteur à part, paternaliste, et
qui   une   fois  de  plus  privilégie  les  grandes  entreprises  de
distribution ".
Action  Consommation  soutient  cet  appel.  En effet, nous ne pouvons
accepter  de  frontières  pour  le  commerce équitable : ses principes
doivent  être  respectés  au  nord  comme  au  sud,  du  producteur au
consommateur.  Chaque  producteur,  chaque  salarié  mérite  de  vivre
dignement de son travail ; chaque consommateur doit pouvoir trouver la
possibilité  de  pratiquer des échanges équitables, y compris pour les
intermédiaires  entre le producteur et lui. Il est pour nous essentiel
de  rechercher  l’équité  socio-économique  et le respect de la nature
tout au long des filières, puisque nos modes de consommation - en lien
avec  les  modes  de  production  et  de distribution - déterminent et
reflètent  à  la  fois  l’organisation  de  nos sociétés. Pour pouvoir
exercer  sa  responsabilité  dans  ses actes de consommation, chacun-e
doit  se sentir concerné-e par cet encadrement législatif qui cantonne
le   commerce   équitable   aux  échanges  sud-nord  et  favorise  la
concentration  des  entreprises,  au  détriment  des  alternatives  de
filières.
Il s’agit d’exiger une qualité globale respectant les critères sociaux
et  environnementaux  depuis  la  production  jusqu’à la consommation,
notamment pour que chacun-e puisse vivre dignement de son travail tout
au long de la filière. Cette démarche " filière " se situe à l’inverse
d’une  approche  "  produit  ",  qui  convient  si bien aux techniques
modernes  du  marketing  et  de  la  publicité  (puisqu’elle  en  est
directement  issue).  En effet, l’approche " produit " justifie toutes
sortes   de  dérives  et  stratagèmes,  depuis  les  labellisations  "
équitable  "  autoproclamées  jusqu’au  culte du développement par les
exportations, du salut par la consommation, sans cesse légitimée, sans
cesse développée, sans cesse encouragée.
Le secteur des fleurs coupées en fournit certainement aujourd’hui l’un
des  meilleurs  exemples.  Dans un marché en croissance exponentielle,
les  importations en provenance d’Amérique du sud, d’Asie et d’Afrique
se  sont  développées,  en accord avec les politiques de développement
tirées  par  les  exportations, largement promues par les institutions
internationales.  Pourtant,  cette  " mondialisation recolonisatrice "
n’est  pas sans conséquences écologiques, économiques et sociales pour
les  pays du Sud. Depuis quelques mois, des fleurs certifiées commerce
équitable  par  Max  Havelaar  sont disponibles pour les consommateurs
français,  y  compris  chez Happy, nouvelle chaîne de hard discount de
fleurs coupées (eh oui !), dont l’intérêt bien pensé est de rogner les
coûts  partout  où  c’est  possible.  Y  compris  évidemment  ceux des
salariés :  à  peine formés, en équipe réduite, se relayant de 9 à 21
heures,  7  jours  sur 7, ils sont payés au lance-pierre (30% de moins
que  les  salaires  habituels).  Où  donc  s’arrête  la  frontière  de
l’équitable ?
