La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France et son réseau, tout comme l’Institut Technique d’Agriculture Biologique n’ont pas l’intention de se laisser manger par des structures conventionnelles comme le souhaite le ministère de l’agriculture. S’il est indispensable que tous les instituts techniques agricoles et les chambres d’agriculture participent au développement de notre mode de production, il est totalement improductif et stérilisant de vouloir la disparition de ce qui fait la force de la bio : des organisations spécifiques, dédiées uniquement à ce mode de production, les seules capables d’intégrer toutes ses dimensions , sa transversalité, son développement multi-circuits et ses apports en matière de pratiques respectueuses de l’environnement et génératrices d’emplois ruraux.
L’ITAB est aujourd’hui menacée d’être avalée par l’ACTA, au motif que l’institut n’est pas assez important pour être qualifié par le ministère de l’agriculture, et ne peut donc plus être financé. Depuis des années, ce même ministère n’a jamais permis à l‘ITAB, dont les compétences et l’utilité sont reconnues par tous les acteurs, bio et conventionnels, d’atteindre la taille critique nécessaire et de réellement développer une recherche en production biologique, à l’instar de ce qui se pratique en Suisse et en Allemagne par exemple. Mais que ce même ACTA emploie les salariés ITAB, et que le conseil d’administration de ce dernier devienne un simple comité d’orientation est inadmissible. Dans le même esprit, il est proposé un Conseil scientifique de l’ITAB, présidé par un scientifique sans compétences particulière en agriculture biologique, et n’incluant pas les quelques chercheurs qui, dans d’autres instituts, se battent pour une recherche alternative basée sur la globalité des !
systèmes agricoles. Ceci montre la voie que l’on veut faire suivre à la recherche en agriculture biologique, et qui n’est certainement ni celle du progrès, ni celle d’une recherche alternative.
La FNAB et son réseau sont également interdits d’accès aux fonds professionnels du Compte d’affectation spéciale "développement agricole et rural" (CASDAR). Pas crédible au regard des chambres d’agriculture, nous dit-on, alors que notre réseau représente quelques 250 emplois sur le territoire ; trop syndical et en même temps pas assez (pas d’élus chambres) : tout est bon pour justifier du refus et nous inciter à nous fondre dans les organisations conventionnelles. Aujourd’hui donc, les producteurs bio contribuent financièrement au développement de l’agriculture conventionnelle, au mépris de leurs besoins propres et de ceux en matière de conversion à la bio.
Les structures pionnières dans le domaine de la technique et du développement en production biologique ont toute légitimité à exister par elles-mêmes et à pouvoir accroître leur activité pour contribuer aux objectifs du Grenelle. Vouloir les fondre dans le conventionnel ne servira à personne : ni aux bio qui ont besoin de ces structures spécifiquement dédiées à la collecte, la création et la diffusion de savoirs et savoir-faire, ainsi qu’à la structuration de filières durables ; ni aux conventionnels qui ont eux aussi besoin des progrès réalisés par les bio s’ils veulent atteindre les objectifs du Grenelle en matière de réduction des pesticides et de haute valeur environnementale. A contrario, travailler la main dans la main, en complémentarité et en synergie, devrait permettre à chacun, bio comme conventionnel, d’avancer à son rythme vers la durabilité des systèmes agraires.