Monsieur Macron, quels engagements pour une société humaniste et solidaire ?

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Monsieur Macron, quels engagements pour une société humaniste et solidaire ?

Nous avons pu prendre connaissance de votre lettre aux agriculteurs en date du 19 avril. Vous dites vouloir une "agriculture française conquérante, innovante, durable et riche de la diversité de ses modèles agricoles." Difficile de ne pas penser à la bio française avec ses 20% de croissance annuelle portée par plus de 20 conversions journalières depuis le début de l’année 2016 !

Aux mêmes maux les mêmes remèdes ?

Si ces agricultrices et agriculteurs ont fait le choix de la bio c’est précisément parce que le système conventionnel n’est pas valorisant en termes de prix et de conditions de productions. Engagé dans une spirale déflationniste mortifère, il ne compte que sur toujours plus de subventions publiques pour tenter de sauver ce qu’il peut de ses infrastructures et, pour le reste, de s’en remettre à l’Etat pour gérer la casse sociale dans le monde agricole. Est-ce que le plan de 5 milliards d’euros que vous proposez pour la modernisation suffira ? Faut-il appliquer toujours aux mêmes maux les mêmes remèdes ? Nous espérons que nous serons invités, tout comme les organisations citoyennes, aux Etats généraux de l’alimentation pour pouvoir présenter les innovations socio-économiques de la filière bio que vous appelez de vos vœux : organisation des producteurs, outils de régulation de filière, pratiques d’équitabilité etc. Elles sont toutes à la disposition du monde agricole dès lors qu’il a fait le choix de la qualité et de la durabilité de son système de production.

Passons à l’agriculture et à l’alimentation de demain !

Même si vous n’avez pas signé notre Pactebio 2017, soutenu par des millier d’élu-e-s locaux et de parlementaires, nous préférons retenir votre engagement à l’élimination progressives des produits phytosanitaires (pesticides) lorsque des alternatives existent et à la mise en place de paiements pour services environnementaux à hauteur de 200 M€ par an en plus des MAEC et aides à l’agriculture biologique existantes. Ces montants correspondent peu ou prou aux besoins constatés sur le terrain pour faire face à la dynamique des conversions et à la nécessité de rémunérer déjà les pratiques des bio existants pour ce qu’elles apportent à la restauration de la qualité de l’eau, de la biodiversité, des sols et de l’air. Il faudra être clair sur les priorités dès votre entrée en fonction si le peuple français vous accorde ses suffrages majoritaires. Des milliers de productrices et de producteurs attendent de savoir si l’Etat sera à leurs côtés pour oser changer de système d’ici la notification PAC certainement repoussée au mois de juin. L’innovation est bien là, vertueuse, volontaire et déterminée. Ils - Elles attendent le signal pour répondre à la demande des consommateurs qui veulent de la bio française.

Si nous nous adressons à vous dans cet entre deux tours, c’est parce que vous avez dit - dans une adresse plus spécifique - votre intérêt pour l’agriculture biologique et du rôle qu’elle avait à jouer dans la relocalisation de l’agriculture et de l’alimentation. Ces « Projet alimentaire territoriaux » permettront d’impliquer, d’après vous, l’ensemble des acteurs régionaux pour permettre d’atteindre votre objectif de 50% de produits biologiques ou locaux dans l’ensemble de la restauration collective d’ici 2022. On ne peut que s’en féliciter d’une telle orientation et nous seront là pour répondre - concrètement - à sa mise en œuvre.

Notre projet pour la bio est un projet de société ouverte, responsable et surtout solidaire. Basé sur une Charte de valeurs, il ne peut s’épanouir que dans une société qui promeut ces valeurs entre les personnes et les peuples et qui met l’économie au service de l’humain et pas des intérêts financiers. L’agriculture biologique doit continuer à être un projet et une norme qui appartiennent au peuple européen, c’est pourquoi nous ne nous adressons qu’à vous entre ces deux tours, conscients de l’enjeu politique, conscients aussi des attentes et de la grande vigilance des paysannes et paysans bio de notre réseau pour qu’enfin les choses changent dans l’agriculture de notre pays pour la santé des habitants et celles des générations futures.

Stéphanie Pageot, Présidente de la FNAB

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