Signée le 19 décembre par le Premier ministre, la circulaire interministérielle « incitant la restauration administrative de l’Etat à utiliser régulièrement des plats ou des denrées issus de l’agriculture biologique » peut être considérée comme la première décision post-Grenelle concernant la bio. Mais incitation vaudra-t-elle obligation, et la production française sera-t-elle capable de suivre ?
Le marché de la restauration d’Etat, s’il inclut l’armée, est un gros marché. Aujourd’hui, la production biologique française ne suffit pas à la consommation en France. Les aides à la conversion ne sont pas vraiment incitatives dans un environnement de prix agricoles rémunérateurs. Ainsi, un céréalier atteint le plafond d’aide dès 38 ha ; la région parisienne, avec de grosses exploitations, « sinistrée » en matière de production biologique risque donc de le rester et de ne pas pouvoir participer de l’approvisionnement des restaurants parisiens de l’Etat. De plus, avec un marché tendu, des prix des produits bio à la hausse et un budget de l’Etat à la baisse, on peut s’attendre à des appels d’offre a minima qui favoriseront de la bio la moins chère et donc plutôt l’importation lointaine plutôt que des produits de proximité.
En ne relevant pas les plafonds d’aides à la conversion, en ne prévoyant pas une enveloppe pour ces conversions à la hauteur de ses ambitions (tripler la surface en bio d’ici 20012), en ne mettant pas plus de moyens sur l’accompagnement technique et économique des producteurs actuels et à venir, et en « incitant » à consommer plus, le gouvernement ne dépasse pas, une fois encore, l’effet d’annonce. Pour la Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France, il en faudra plus pour lui faire penser que les engagements du Grenelle seront tenus.