Il a troqué son tracteur pour une moto « végétale ». La bonne terre du Pas-de-Calais pour le sable et la caillasse de l’Afrique. Le 6 janvier, Christian Dequidt, 55 ans, reprendra à Lisbonne la route de Dakar, pour une quatrième participation à la course mythique. Preuve que la foi n’a pas abandonné cet agriculteur visionnaire qui, dès 1988, lors de son premier Enduro du Touquet, affrontait les dunes avec une bécane roulant au bioéthanol. Bien avant que les biocarburants ne fassent la une des journaux.
Depuis ses premiers tours de roue, le message du paysan-motard de Frévent (Pas-de-Calais) n’a pas changé : les agriculteurs ont leur avenir en main. Ils doivent saisir les opportunités qui leur permettront de continuer à vivre de leur exploitation. « En plus de l’alimentation, les agriculteurs ont une nouvelle mission, le bien-être », affirme-t-il. Pour Christian Dequidt, il faut produire les plantes dont on tirera, demain, les molécules capables de remplacer celles issues de l’industrie du pétrole. Sa moto, une 450 cm3 deux roues motrices, est devenue l’ambassadrice de ses convictions. Un garde-boue en amidon de maïs, un moteur lubrifié à l’huile de colza, une selle fabriquée avec des fibres végétales assurent la promotion des matériaux du futur. « Cela va au-delà des biocarburants. Cette moto représente toute la richesse de l’agriculture », commente Christian Dequidt, ardent défenseur de la chimie verte. Peu à peu, la méfiance des autres concurrents et de la profession agricole a laissé place à l’enthousiasme. Christian Dequidt compte comme partenaire le pôle de compétitivité Industrie et Agro-ressources (IAR) de Picardie et Champagne-Ardenne, qui l’a aidé à concevoir ses équipements bio.