Certes, le corps d’une femme est différent de celui d’un homme et la femme enfante, ce que ne peut faire l’homme. Mais cette différence biologique de départ ne justifie en aucun cas la domination masculine. On peut démonter tous les arguments liés notamment à la vulnérabilité du corps féminin. S’il y a fragilité à des moments particuliers et si elle appelle la protection, elle n’implique pas la sujétion. L’inégalité n’est pas un effet de la nature. Elle a été mise en place par la symbolisation dès les temps originels de l’espèce humaine, à partir de l’observation de faits biologiques notables.
Tous les systèmes de pensée humains ont toujours fonctionné avec des catégories dualistes, des oppositions binaires (chaud /froid, sec /humide, extérieur/intérieur, chacun des termes étant connoté masculin ou féminin (homme dehors, dur, actif ; femme dedans, molle, passive etc.). Dès lors, la question centrale devient : pourquoi les différences entre hommes et femmes ont-elles été hiérarchisées et non également valorisées ? C’est ce que j’appelle « la valence différentielle des sexes ». Que des rôles et des tâches différentes aient été répartis entre les hommes et les femmes selon les circonstances peut se concevoir ; mais pourquoi les activités dites féminines ont elles été toujours systématiquement dévalorisées ?