En pleine pause estivale, la SNCF, établissement public sous tutelle directe de l’Etat, décide de fermer dès fin novembre, 262 gares au trafic de marchandises (wagons isolés), dont des gares aussi importantes que Le Mans, Poitiers, Saint Pierre des Corps, Limoges… pas moins de 19 villes-préfectures sont concernées.
La lutte contre le réchauffement climatique est censée être une priorité du « Grenelle de l’environnement » et le secteur des transports routiers est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre. Ce report massif du fret ferroviaire vers la route est en totale contradiction avec les bonnes intentions affichées par le Gouvernement.
Monsieur le Président Nicolas Sarkozy affirme dans ses discours qu’il souhaite augmenter en 5 ans, d’un quart, la part de marché des transports autres que routiers. Ces trois dernières années, le fret ferroviaire a reculé de 13% en volume (beaucoup plus en parts de marché) dans le cadre du dernier plan de redressement des comptes de fret SNCF (Plan Veron) et que la situation financière de Fret SNCF ne s’est nullement améliorée. Loin d’être infléchie, cette mauvaise politique écologique et économique s’accélère donc. Et il est fort à craindre que ces nouvelles fermetures de gares entraînent des suppressions supplémentaires de lignes ferroviaires.
Pour Michel Dubromel, pilote du réseau Transports de la fédération France Nature Environnement : « Force est de constater que l’ouverture à la concurrence ne constitue pas une solution à ce déclin du fret ferroviaire. Les opérateurs privés ne reprennent jamais les trafics abandonnés par la SNCF. Seuls les intéressent quelques gros trafics concentrés, qui, perdus par la SNCF, la contraignent à limiter sa péréquation interne et accélérer son désengagement des trafics dispersés ». Seul le développement rapide des opérateurs privés de proximité, actuellement au point mort, pourrait contribuer à limiter ce déclin avant d’amorcer une reconquête des nombreuses lignes également fermées au trafic fret.
Le grand écart entre les discours et les actes doit cesser si l’on veut que le Grenelle soit autre chose qu’une opération de communication. Si M. Borloo ne veut pas perdre tout crédit sur la question des transports et du réchauffement climatique, il doit impérativement demander à la SNCF, dans le cadre de son pouvoir de tutelle, de renoncer à ce projet et enfin prendre les mesures pour faire payer au transport routier ses coûts d’infrastructure et environnementaux, ce qui permettra de relancer le fret ferroviaire.