La défense de la « valeur travail » est devenue un thème clé de la campagne présidentielle. Réaffirmer la centralité du travail a d’abord pour but de rassurer une société inquiète de son avenir. Ségolène Royal comme Nicolas Sarkozy affirment tous les deux qu’il faut que le travail paye et que le salarié privé d’emploi doit gagner plus s’il reprend un travail. Le raisonnement prend une tournure plus moraliste à droite, la gauche étant d’abord soucieuse d’efficacité économique, mais le résultat est identique.
De même, les deux candidats pensent qu’au-delà de la lutte contre le chômage, il faut aujourd’hui accroître le pouvoir d’achat des salariés en emploi. Ségolène Royal, qui sait les limites du pouvoir gouvernemental en matière salariale, mise plutôt sur la redistribution pour réduire les charges qui pèsent sur le travail, tout en affirmant sa volonté de limiter le recours aux contrats précaires, la principale cause de la pauvreté salariale. Chez Nicolas Sarkozy, la défense du pouvoir d’achat est aussi une priorité, mais sa solution est bien différente : pour lui, celui qui veut gagner plus doit travailler plus. Et de pleurer sur ces victimes des 35 heures « qui ont du temps libre, mais ne peuvent envoyer leurs enfants en vacances ». D’où aussi sa proposition de supprimer les charges sur les heures supplémentaires, avec le risque d’encourager la fraude.