Pour Hervé Juvin, président du cabinet Eurogroup Institute et spécialiste du système bancaire mutualiste, les difficultés des Banque populaire et Caisse d’épargne ne signent pas l’échec du modèle bancaire coopératif. Au contraire, leurs pertes s’expliquent par la perversion du modèle. Leur sauvetage doit donc aussi passer par un retour aux fondements de leur métier.
Quelle est la spécificité du modèle mutualiste ou coopératif, face aux banques classiques ?
Historiquement, les banques coopératives et mutualistes sont parties d’un mouvement chrétien-démocrate. Des petits paysans, puis des artisans, se sont organisés pour disposer d’un système de prêts qui ne les soumettent pas à la loi des usuriers. Cela a été à l’origine du Crédit agricole, plus tard des Banque populaire et du Crédit mutuel.
Sur le fond, la première différence est que ceux qui apportent du capital à la banque sont des sociétaires et pas des actionnaires. Ils n’attendent pas de plus-values en capital, mais une rémunération financière du type des emprunts d’Etat. Mais ils attendent surtout que les bénéfices, s’il y en a, soient réinvestis dans l’entreprise pour améliorer la qualité de service. Les sociétaires ne sont pas propriétaires de la banque.