Pourtant, celles-ci constituent un facteur de risque non négligeable de MCV : sous certaines contraintes de travail, le risque peut être multiplié par deux ou trois. Cela dépasse donc le cas du cadre stressé, candidat à l’infarctus. D’ailleurs, cette image résiste mal à l’examen des statistiques. Les MCV atteignent davantage les ouvriers et les employés que les cadres, contribuant, comme pour le cancer, aux inégalités sociales de santé. Chez les hommes, la mortalité cardio-vasculaire prématurée demeure deux fois plus élevée chez les ouvriers que chez les cadres supérieurs et, chez les employés, elle est même trois fois et demie supérieure.
Au-delà des travaux pénibles nécessitant des efforts physiques lourds et répétés - port de charge, travail bras en l’air, sous forte chaleur… -, c’est encore une fois le poids des contraintes de l’organisation du travail qui va jouer un rôle déterminant. Une forte demande de travail générant une grande activité, combinée à une faible latitude de décision du salarié, caractérise une situation à risque pour les MCV. De même, un poste comportant une grande intensité de travail et une faible reconnaissance sociale ou salariale aboutit lui aussi à une situation déséquilibrée entre effort et récompense, nuisible à la santé du cœur et des vaisseaux. Vécues comme des agressions, ces contraintes de travail peuvent induire une sécrétion importante d’adrénaline, provoquant une élévation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, ainsi que des modifications biologiques ayant pour conséquence un risque accru d’infarctus.