Que ce soit dans le domaine de la santé, du logement ou plus globalement du social, les observations confirment que la précarité s’accompagne souvent d’un « non-recours » au droit ou aux services : un certain nombre de personnes en difficulté n’utilisent pas les prestations et dispositifs publics qui leur sont en principe destinés.
L’évaluation de ces situations n’est que rarement prise en compte dans l’analyse des politiques sociales. Les raisons ? D’abord le recensement de ces situations, souvent difficile, ensuite l’analyse des causes qui pointe les dysfonctionnements affectant le fonctionnement de nos dispositifs et enfin, l’état de résignation qui domine dans certains champs de notre société.
Ainsi les observatoires interpellent souvent sur les décalages de plus en plus fréquents entre les besoins recensés, ceux qui sont mesurés par les gestionnaires des dispositifs et les besoins exprimés et vécus par les personnes concernées.
L’enquête réalisée sur l’agglomération lyonnaise et qui est présentée dans les pages centrales de cette Lettre pointe combien ce décalage peut être important :
d’un côté les statistiques qui rendent compte d’un nombre compris entre 70 et 80 personnes qui demeurent à la rue chaque nuit par absence de solution,
de l’autre au moins 1000 personnes connues des services sociaux et qui sont sans logement ou hébergement fixes de façon durable.