L’engagement de simplifier la vie des associations est le premier point de la feuille de route de Mme Schiappa pour la vie associative. Vieux serpent de mer, puisque le « choc de simplification » figurait déjà dans le « new deal associatif » présenté dans la circulaire du 1er ministre en septembre 2015. Nouvelles relations entre associations et pouvoirs publics qui trouvaient corps dans la suite de l’année 2014 avec l’engagement associatif comme Grande cause nationale et la signature d’une nouvelle charte des engagements réciproques, fruit d’une co-construction entre l’État, les collectivités territoriales et le secteur associatif. Selon une enquête nationale[1], seuls 33 % des responsables bénévoles font de la « simplification administrative » un enjeu, alors que 44 % placent en tête des préoccupations « la reconnaissance du rôle citoyen et de l’utilité sociale de l’association ».
Lorsqu’en 2018 Gabriel Attal publie son plan pour une « ambition nouvelle pour la vie associative », il annonce le développement de « services numériques destinés à faciliter la vie des associations en simplifiant leurs démarches administratives ». Mme Schiappa lance donc à son tour un dispositif de consultation nationale pour simplifier la vie des associations, en vue d’Assises nationales de la simplification !
Cette obsession de la simplification est bien compréhensible tant les politiques publiques accumulent depuis les années 80 la complexification des tâches : prestation de service, réponse à un marché, financiarisation…. Le malaise se développe au début des années 2000 à travers la LOLF (Loi organique relative aux lois de finances) puis la RGPP (Révision générale des politiques publiques) en 2007[2] . Les méthodes du secteur lucratif font dorénavant référence dans la construction d’indicateurs de gestion et de performance, un glissement qui transforme les relations État – Administrations – Associations. Pour les associations cela se traduit par une perte de lien avec les administrations elles-mêmes, les assujettissant à la commande publique, et transformant leur relation aux personnes : d’adhérent on devient usager, puis client. La capacité d’expérimentation propre au secteur est supplantée par une course à l’innovation dite sociale.