Face à la colère légitime qui s’exprime massivement à travers le mouvement des « gilets jaunes », c’est à un exercice de style périlleux que se prêtent le Président Macron et son gouvernement. La prouesse consiste essentiellement à faire passer des propositions sans toucher à l’idéologie qui soutient cette politique, celle du ruissellement, selon laquelle l’enrichissement de quelques-uns bénéficierait mécaniquement à tous. Sauf que les faits sont têtus. Les détenteurs des grosses fortunes continuent à s’enrichir, à bénéficier de largesses fiscales, de redistributions exponentielles de dividendes, tandis que les personnes les plus modestes ne parviennent plus à vivre de leur travail. Et ce ne sont pas les quelques primes versées qui modifieront de façon structurelle cela. Les 4 articles votés en urgence par l’Assemblée Nationale (prime exceptionnelle versée aux salariés du privé, défiscalisation des heures supplémentaires, élargissement de l’exonération de la hausse de la CSG, hausse de la prime d’activité, mais pas du SMIC) annoncés comme mesures d’urgence économiques et sociales se révèlent être des mesures conformes à la « politique de l’offre », qui ne feront qu’accentuer les inégalités économiques et sociales.
Les 4 mesures du Président Macron : un vrai tour de passe-passe…
1- Donner d’une main, reprendre de l’autre
L’augmentation du SMIC ne doit rien coûter aux entreprises, nous dit le gouvernement. En conséquence, les 100€ pour « revaloriser le SMIC » deviennent 100€ soumis à condition, en fonction des foyers fiscaux, donc pas pour tout le monde, pris en charge sur le budget de l’État, donc en échange d’efforts à fournir sur la dépense publique. Une sorte de prime auto-financée par les usagers eux-mêmes, alors que l’absence de services publics auprès de la population, dans les territoires les plus isolés ou en difficulté, est un des symptômes de la relégation sociale que mettent en lumière les expressions multiples des « Gilets Jaunes » ; alors que les besoins en matière de santé, d’éducation, de transport, ou de logement nécessiteraient un développement de ces services publics ; alors que la relance de la consommation interne pourrait s’appuyer sur l’augmentation du pouvoir d’achat des français.