Dans un Appel de janvier 2007, Peuples Solidaires dénonçait déjà la violence politique du gouvernement philippin envers les défenseurs des droits des travailleurs, les responsables syndicaux et les militants aux Philippines. Plus d’un an après cette campagne, nous constatons avec dépit que la situation dans ce pays ne s’est guère améliorée. L’arrestation controversée le 23 octobre dernier, de Remigio Saladero, fervent défenseur des droits des travailleurs et "avocat du peuple" [2] comme le surnomment certains, en est une preuve supplémentaire. Or, à travers la détention de cet avocat des opprimés, ce sont les droits de toutes les personnes qu’il défend qui sont du même coup bafoués...
Jeudi 23 octobre, il est environ 15 heures quand Maricel Saladero rentre chez elle pour retrouver son mari. En arrivant, elle constate avec effroi que la porte est ouverte, le sol recouvert de boue, la maison sans dessus dessous et les ordinateurs absents. Elle tente à plusieurs reprises de joindre son époux, en vain. Ce n’est qu’à 21 heures le soir même, après de longues heures d’attente et d’angoisse, qu’elle finira par l’apprendre : Remigio Saladero a été arrêté par la police locale pour des meurtres qu’on l’accuse d’avoir commis il y a deux ans, dans la province voisine de Mindoro, dans le cadre de la lutte insurrectionnelle de la NPA [3] , le bras armé du parti communiste philippin associé à un mouvement terroriste. "Comment aurait-il pu commettre ces crimes" interroge Maricel, "nous ne sommes jamais allés à Mindoro, et Remigio a une santé fragile, il a déjà fait deux attaques cardiaques et peut à peine ouvrir une boîte de conserves !". Ses collaborateurs et amis soulignent l’absurdité des crimes dont on l’accuse : "Comment voudriez-vous qu’il ait été à la fois un avocat renommé en ville et en même temps rebelle dans l’arrière-pays ?... Ce jour-là, il était d’ailleurs à son bureau à Quezon, en rendez-vous avec un client".