Une étude [1] française sur les coûts cachés (internes ou externes) des pesticides montre que les coûts induits par les pesticides dépassent les bénéfices financiers procurés !
Contexte : Les partisans les plus chauds de l’utilisation des pesticides n’ont de cesse de souligner leur soit disant utilité et les bénéfices qu’ils apporteraient notamment en termes économiques. Cette affirmation n’est la plupart du temps étayée par aucun argument ou données solides. Surtout elle ne prend pas en compte les coûts cachés et les externalités liées aux pesticides.
Une nouvelle étude change la donne : Une nouvelle étude signée par deux scientifiques français de l’INRA vient combler ce manque en étudiant, à partir de plus de 60 études publiées dans le monde, cette question des coûts cachés et des externalités des pesticides.
Quelles sont les découvertes principales mises en avant dans cette étude :
Les conséquences sur la santé ont clairement toujours été sous estimées, notamment parce que les décès dûs à une exposition chronique aux pesticides ont été complètement ignorés. (p 67)
La prise en compte des effets de l’exposition chronique ferait ainsi passer les coûts sanitaires liés aux pesticides aux USA en 2005 de 1,5 milliards de dollars par an à 15 milliards de dollars par an ! (soit une multiplication des coûts par 10)
Chaque 1% des cas de cancer attribuable aux pesticides est ainsi associé à un coût de 20 milliards de dollars annuellement !
Les coûts environnementaux des pesticides sont aussi largement sous-estimés (p 83) mais sont néanmoins chiffrés pour les USA à quelques 8 milliards de dollars par an !
Les coûts ‘de protection’ qui inclus l’achat des protections pour les utilisateurs ou les surcoûts d’achat d’une alimentation sans résidus de pesticides sont très rarement pris en compte.
Au final les auteurs questionnent l’efficacité économique d’un système liés à l’usage intensif de pesticides en revisitant le rapport bénéfices / coûts qu’il génère. Habituellement ce rapport est considéré comme > 1 car il ne prend pas en compte les coûts cachés et les externalités traitées par l’article. En réévaluant ce rapport bénéfice/coût pour les USA en intégrant les coûts liés aux externalités et coûts cachés les auteurs de l’INRA trouvent un rapport de : 0,70 ….ce qui montre que globalement le système lié aux pesticides génère plus de coûts économiques qu’il ne procure de bénéfice !
« Cette nouvelle étude révèle l’ampleur des conséquences négatives de l’utilisation massive de pesticides, en matière sanitaire et environnementale, et chiffre les conséquences économiques indirectes et cachées. » Déclare François Veillerette, porte parole de Générations Futures . « Ce travail d’expert de l’INRA montre que le discours sur la soit disant rationalité économique d’une agriculture dépendant de l’utilisation massive des pesticides est largement basé sur des études incomplètes qui ne prennent pas en compte la réalité des coûts sanitaires et environnementaux. Il souligne l’urgence qu’il y a à changer les modes de production agricoles actuels pour les rendre moins dépendants de l’usage des pesticides. La réussite du plan Ecophyto 2 est donc plus que jamais urgente pour l’intérêt général ! » Ajoute t’il.
[1] The Hidden and External Costs of Pesticide Use . Denis Bourguet and Thomas Guillemaud (INRA) . Sustainable Agriculture Reviews. 2016