Deux responsables mutualistes, Thierry Beaudet et Pascal Demurger, dans une tribune au « Monde », appellent les acteurs de l’économie sociale à ne pas rejeter a priori le statut d’ entreprise à mission » proposé par la loi Pacte.
En proposant dans leur rapport de valoriser les entreprises qui s’engagent au-delà du seul intérêt de leurs associés sous une même bannière, celle de l’entreprise à mission, Nicole Notat et Jean-Dominique Sénard ne s’attendaient sans doute pas à un débordement d’enthousiasme du Medef, porte-parole d’une vision plus classique de l’entreprise. Peut-être avaient-ils espéré en revanche le soutien de ceux-là mêmes qui les avaient inspirés, à savoir les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Et pourtant, les mutualistes – et plus largement le secteur de l’entrepreneuriat social et solidaire – se sont parfois montrés hésitants sur l’attitude à adopter face à cette proposition. Certains observent le mouvement avec une indifférence polie, sans se sentir concernés par des dispositions qu’ils considèrent réservées essentiellement au secteur commercial et lucratif. D’autres sont plus critiques, craignant une forme de concurrence pour le bien commun, qui contribuerait à brouiller les cartes pour le consommateur sans changer pour autant les fondements de l’entreprise classique.
Représentants du mutualisme en France, nous croyons que la tentation du repli sur soi ne serait pas à la hauteur des enjeux qui sont devant nous. Nous devons embrasser cette évolution, bâtir des ponts plutôt que des murs entre le secteur capitaliste et l’ESS, afin d’encourager toute entreprise qui œuvre en faveur du bien commun.
Loin d’être une forme de concurrence ou de remise en cause, nous voyons ce mouvement comme la victoire d’idées et de principes que nous défendons depuis toujours. C’est l’histoire même du mutualisme que de soutenir l’éclosion de modèles qui en partagent les convictions.