Fondée en 1934, la Maif assure aujourd’hui près de trois millions de sociétaires et emploie quelque 7 500 salariés. L’« assureur militant » a décidé d’entrer dans le dispositif d’entreprise à mission prévu dans la loi Pacte pour permettre aux entreprises de définir leurs objectifs sociaux et environnementaux. Dans un communiqué du 3 juin 2019, la Maif a d’abord déclaré sa « raison d’être » : « Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux-commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être. »
Pour autant, l’assureur historique n’a guère besoin de révolutionner son fonctionnement tant il peut faire valoir la liste de ses bonnes pratiques, aussi bien sur le terrain environnemental (« réparer plutôt que remplacer ») qu’en matière d’engagement social, de placements éthiques, d’attention accordée aux sociétaires (numéro 1 de la relation clients depuis quinze ans) et au bien-être de ses salariés (respect strict de l’égalité hommes-femmes). En bref, « entreprise à mission », la Maif semble l’être naturellement puisque les objectifs sociaux et environnementaux constituent depuis plusieurs décennies l’horizon de ses activités, non seulement en faveur de son sociétariat, mais aussi dans le sens du bien commun. Sans doute est-ce mieux en le disant !
Dans une interview accordée à Miroir social le 8 novembre 2019, Pascal Demurger, directeur général de la Maif, précise que l’inscription « entreprise à mission » dans les statuts de la Maif lui conférera un caractère irréversible, et ceci quelle que soit « l’évolution des personnes qui incarnent la gouvernance de l’entreprise à un moment donné ». Si cette démarche tend à pérenniser l’engagement de la Maif en faveur du bien commun, elle peut aussi avoir valeur d’exemplarité.
Notons qu’à ce jour plusieurs entreprises du CAC 40 (Carrefour, Technip FMC, Veolia, Atos) ont stratégiquement déclaré leur « raison d’être », afin de montrer que leur objet ne se limitait pas au profit financier, mais sans s’engager dans la démarche exigeante et contraignante de l’entreprise à mission.
Par ailleurs, l’intérêt opportuniste du CAC 40 pour ce statut contribue à le disqualifier auprès d’autres entreprises de l’ESS.