Etonnant paradoxe : dans l’actualité, même les bonnes nouvelles se transforment systématiquement en mauvaises. Ce qui accrédite l’idée de déclin et de décadence, semblant appeler d’urgence un traitement de choc. Plusieurs grands dossiers, comme la mutation du travail, la recomposition du
lien social ou encore la question démocratique, peuvent être revisités sous cet angle. Ainsi, la transformation de sociétés essentiellement fondées sur le travail en des sociétés plus libres et toujours plus riches devrait passer pour une bonne nouvelle. Nous avons réussi l’exploit d’en faire le grand mal du monde industrialisé, avec son cortège de chômage, de précarité et de misère. De même, un développement économique plus centré sur le capital humain, la formation, la santé, est porteur de nombreuses promesses. Or santé et formation n’apparaissent pas comme les ressorts d’une nouvelle croissance mais comme des charges budgétaires insupportables. Comment a-t-on réussi à transformer des solutions en problèmes ? Roger Sue propose un nouveau regard sur les causes de ce paradoxe, qui mêle retard culturel, absence de recul et de perspective historique, conservatisme politique et défense des privilèges des élites, que le discours de la peur ou la politique du pire semblent trop bien servir. Contre l’intérêt de la société elle-même.
Biographie de l’auteur
Roger Sue est sociologue, professeur à l’université de Paris 5-Sabonne et directeur du département des sciences de l’éducation. Il a notamment publié : Temps et ordre social (PUF, 1994), La Richesse des hommes. Vers l’économie quaternaire (Odile Jacob, 1997), Renouer le lien social (Odile Jacob, 2001) et La Société civile face au pouvoir (Presses de Sciences Po, 2003).