Pour augmenter la durée du travail, mieux vaudrait s’attaquer au chômage et aux temps partiels contraints, plutôt qu’aux 35 heures.
Cela fait partie du discours ambiant : les Français travailleraient trop peu, notamment à cause des 35 heures. Ce qui expliquerait la faiblesse de leur pouvoir d’achat, la perte de compétitivité du pays et les dérives d’une protection sociale trop sollicitée, faute de revenus d’activité suffisants. Mais quand on examine la situation française de plus près, les évidences deviennent moins évidentes... Et d’ailleurs, que veut dire exactement « travailler trop peu » ? S’agit-il d’un nombre d’heures travaillées jugé trop faible ou du nombre de personnes au travail ? Cela n’a pas les mêmes conséquences sur les politiques publiques à mettre en oeuvre.
1 456 heures annuelles
Première manière d’aborder la question : le nombre d’heures travaillées chaque année. La durée légale hebdomadaire du travail salarié est de 35 heures, ce qui, compte tenu des semaines de congés et des jours fériés, correspond à 1 607 heures de travail chaque année. Mais ce chiffre est largement théorique. Certains, en effet, travaillent davantage : heures supplémentaires (rémunérées ou non), régime d’équivalence (dans les transports, les restaurants, les salons de coiffure, etc., le temps de présence des salariés est supérieur au temps rémunéré, pour tenir compte des moments d’attente sans travail), cadres ou représentants astreints au forfait jours (la durée quotidienne n’est pas fixée, seul le nombre de jours de travail l’est)... D’autres travaillent moins : arrêts maladie, maternité, accidents de travail, congé parental, horaires particuliers dans certaines branches ou entreprises... La durée effective du travail à temps plein est de ce fait plus élevée que la durée légale : 1 650 heures annuelles en 2004, moyenne variant selon les professions et le sexe.