Les associations, dont le nombre est en constante augmentation, sont en situation de concurrence acharnée pour attirer les adhérents, les ressources ou les bénévoles, créant de fortes tensions, selon une enquête du CNRS sur l’état du monde associatif en 2005 publiée mercredi.
Répartition des associations selon le secteur d’activité
Menée par Viviane Tchernonog (Matisse-CNRS), cette vaste enquête portant sur 13.000 associations représentatives met à jour des données datant de 1999 et 1990.
On compte environ 1,1 million d’associations en France, soit 200.000 de plus en six ans, avec une progression particulièrement forte dans le secteur de la défense des intérêts économiques et du développement local (+12%) et humanitaire (+ 9%).
Cette progression place les associations "dans une situation permanente de concurrence" pour attirer les adhérents, les bénévoles, les ressources publiques ou privées, souligne l’étude. Cela a pour conséquence "d’accentuer les tensions" qui existent déjà, du fait de l’évolution du financement public et du comportement des bénévoles.
Le financement reste le problème majeur des associations. Avec la décentralisation, des associations qui avaient pour principal partenaire l’Etat ont dû limiter "de façon drastique" leurs actions tandis que d’autres se sont développées, en lien avec les conseils généraux.
Les financements publics ont pourtant progressé à un rythme proche de l’augmentation du PIB, constate l’étude, mais malgré tout moins vite que les associations, et la concurrence est forte.
Les cotisations représentent la ressource unique de nombre d’entre elles, et, pour la moyenne des associations, 12% des budgets.
Les dons et le mécénat — une manne que les associations tentent de développer, et sur laquelle joue fortement la concurrence — représentent 4,9% des budgets en moyenne.
Les recettes d’activités restent la première ressource des associations (49%), tandis que les subventions publiques représentent 34%.
Beaucoup d’associations sont créées chaque année mais ont des difficultés pour pénétrer les circuits de financement public, souligne l’étude. Certaines ont d’ailleurs, et souvent pour cette raison, une durée de vie très réduite.
Les bénévoles ont également changé, rendant la tâche plus compliquée pour les associations qui les emploient. Ils sont plus nombreux mais aussi plus sélectifs dans leur choix. Aujourd’hui, le bénévole privilégie la petite structure et les secteurs de l’action humanitaire ou culturelle, il cherche des missions pour des durées déterminées. Certes, le travail bénévole a augmenté de 30% en six ans en France, mais l’augmentation du nombre d’associations crée une pénurie.
Dans leur majorité, les associations sont dirigées par des hommes, souvent retraités, de milieu favorisé, cadres supérieurs, professions libérales, enseignants. Les ouvriers, les jeunes et les femmes sont quasiment absents des postes à responsabilité dans les structures classiques, mais commencent timidement à se frayer une place, dans les toutes nouvelles associations.
La question du renouvellement des dirigeants est cruciale. Beaucoup sont relativement âgés, anciens dans la fonction, souvent fondateurs de l’association et attachés à leur fonction. La "relève" est difficile, note l’étude, les bénévoles, compte tenu de l’évolution de leur comportement, n’étant guère tentés de prendre des fonctions lourdes en temps et en responsabilités