Comment pousser les entreprises à véritablement oeuvrer pour un monde décarboné ? Fabrice Bonnifet, président du C3D, le Collège des directeurs du développement durable, plaide pour que le respect d’objectifs environnementaux devienne un critère essentiel dans la rémunération des grands dirigeants.
Il nous livre son nouvel édito.
La performance globale en entreprise est souvent le reflet de son système de récompense. Avec les enjeux environnementaux qui s’exacerbent, de plus en plus de collaborateurs plus ou moins éco-anxieux recherchent un sens à leur travail, si possible avec un salaire décent et dans une entreprise qui contribue au bien commun. En revanche, pour nombre de dirigeants et mandataires sociaux de multinationales, la quête de sens s’assimile plus à une course folle vers des niveaux de rémunérations qui confèrent parfois à l’indécence, et au "quoi qu’il en coûte" pour le climat.
Au regard des urgences environnementales auxquelles nous faisons face et compte tenu de l’importance (affichée) des stratégies climat aux yeux des parties prenantes, la tendance est à la fixation de critères extra-financiers, pour motiver les "CEO" dans l’atteinte des objectifs de décroissance des émissions de gaz à effet de serre de leur entreprise. Le hic, c’est qu’en 2030, l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI) estime que les 1% les plus riches de la planète auront une empreinte carbone par habitant 30 fois supérieure à celle compatible pour limiter le réchauffement à 1,5°C, soit environ 69 tCO2/an.