ATD Quart Monde apprend avec une émotion particulière que Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002) va entrer au Panthéon avec son amie Germaine Tillon, Pierre Brossolette et Jean Zay.
L’opposition au totalitarisme a été le fil conducteur de la vie de ces quatre résistants.
Déportée puis rescapée du camp de concentration de Ravensbrück, Geneviève de Gaulle-Anthonioz a présidé l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance, qu’elle avait contribué à créer en 1945. Ce n’est que plus de 50 ans plus tard, en 1998, qu’elle parviendra à trouver la force et les mots pour décrire sa captivité dans l’ouvrage La Traversée de la nuit.
En 1958, elle rencontre Joseph Wresinski et les familles qui habitent le « camp des sans-logis » de Noisy-le-Grand, près de Paris. Elle reconnaît aussitôt chez ces hommes et ces femmes la même résistance au cœur de la détresse et de l’humiliation que celle qu’elle avait rencontrée chez ses compagnons de camp. Cette rencontre va l’introduire dans sa « troisième famille » après celle du sang et ses camarades de la Résistance : celle du Quart Monde, qu’elle décide immédiatement de rejoindre dans son combat contre la déshumanisation de la misère.
Présidente d’ATD Quart Monde en France entre 1964 et 1998, puis simple « volontaire permanente » du Mouvement jusqu’à son décès en 2002, elle n’a de cesse de confronter sa pensée et son engagement à ceux des personnes qui vivent dans la plus grande précarité.
En 1997, au nom du Conseil Économique et Social, elle présente à l’Assemblée nationale le projet de la loi contre les exclusions qui sera voté en juillet 1998 et dont elle raconte le long et épuisant combat dans le livre Le Secret de l’espérance. Elle déclare alors : « Puisque nous vivons aujourd’hui une nouvelle montée d’atteinte aux valeurs fondatrices de notre République, il ne sert à rien de les défendre morceau par morceau tout en tolérant par ailleurs des reculs. La seule riposte possible, la seule voie consistent à nous rassembler pour vouloir et mettre en œuvre plus de démocratie. C’est l’attente ardente des plus pauvres que d’en devenir des artisans. »
Prendre au sérieux le combat de Geneviève de Gaulle-Anthonioz et des trois autres résistants qui s’apprêtent à entrer au Panthéon, n’est-ce pas aujourd’hui se rassembler au-delà des clivages pour mettre en œuvre encore plus de démocratie, avec la participation de tous ?