À compter du 1er janvier prochain, tous les automobilistes détenteurs du permis auto depuis plus de deux ans devront suivre une « formation » obligatoire de trois heures avant d’enfourcher un scooter ou une moto 125.
Dans un arrêté publié au Journal Officiel le 4 décembre 2008, la Déléguée interministérielle à la Sécurité Routière a précisé les objectifs pédagogiques de ce dispositif. Rendu public moins d’un mois avant son application par les motos-écoles – alors que cette réforme a été lancée il y a près de deux ans –, le cahier des charges de ce module obligatoire de trois heures est pour le mouvement FFMC totalement irréaliste, et donc inapplicable.
Pour Patrick Jacquot, P-DG de la Mutuelle des Motards, « si les objectifs du gouvernement sont respectés par les organismes de formation, les conducteurs de 125 seront aussi à l’aise sur leur monture que les titulaires du permis moto ! Mais on a oublié un zéro dans la durée de la formation. En 3 heures, un tel cahier des charges est un non-sens. »
Les scooters, 70 % du marché 125
« En tant que spécialiste de l’assurance 2-roues, nous n’attendions pas de miracle : même en scooter, et sans devoir acquérir la maîtrise d’une moto dotée d’une boîte manuelle, trois heures ne suffisent pas pour acquérir l’autonomie nécessaire pour évoluer sur la route en sécurité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Mutuelle propose à ses sociétaires depuis 1996 dix heures d’initiation à la 125. Avec l’obligation d’effectuer cette pseudo-formation sur une moto à boite, quand les scooters représentent plus de 70 % du marché 125, on ne peut pas être plus en décalage avec la réalité. »
Pour France Wolf, membre du Bureau National de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) « cette formation a été élaborée sans concertation avec le Mouvement Motard FFMC qui, de par sa diversité (défense des usagers, assurance, formation, éducation, publications…), connaît parfaitement les problématiques liées à l’usage des 2RM. Comment s’étonner alors qu’elle s’avère décevante et inadaptée ? Il s’agit seulement, une fois de plus, de donner l’impression que la formation a une importance alors qu’elle n’occupe manifestement que la part congrue des préoccupations de nos décideurs. En l’état, cette « formation » relève du seul effet d’annonce. C’est du gâchis, et l’occasion ratée de mettre en place une véritable politique de prévention des risques routiers, dans un contexte jusqu’ici unilatéralement répressif. »
Ce que disent les textes
Jusqu’au 31 décembre 2006, tout titulaire d’un permis de conduire auto (B) depuis plus de deux ans pouvait conduire une motocyclette légère ou un scooter de moins de 125 cm3. Mais cette équivalence n’est plus systématique.
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Sous l’impulsion du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR), un décret (n°2006-1811 du 23 décembre 2006, publié au Journal Officiel du 31 décembre 2006), a imposé une nouvelle condition à cette équivalence : suivre une formation pratique. Il n’y a pas de rétroactivité puisque cette obligation concerne uniquement les personnes qui ont obtenu leur permis de conduire de catégorie B depuis le 1er janvier 2007. Son application sera donc effective en janvier 2009.
Ce qu’impose l’arrêté publié le 4 décembre 2008
L’arrêté publié le 4 décembre impose l’apprentissage d’une moto 125 munie d’une boite manuelle. En outre, "pour chacun des objectifs suivants, le formateur devra insister sur l’importance des facteurs de risques, de la prise d’information et de la communication, du respect de la règle et du respect des autres", explique l’arrêté avant de lister le détails des compétences qui devront être acquises à l’issue des trois heures de formation : hors circulation, le conducteur devra savoir "démarrer et s’arrêter, monter et rétrograder les vitesses, freiner à allure faible et normale, incliner pour virer et tourner, tenir l’équilibre à allure lente et normale avec et sans passager, en ligne droite et en virage", et enfin "effectuer un freinage d’urgence".
Enfin en circulation (à la fois "en" et "hors" agglomération), le conducteur devra à l’issue de la formation savoir "rechercher les indices utiles, adapter sa vitesse aux situations, choisir la voie de circulation, franchir les différents types d’intersections et y changer de direction, dépasser en sécurité" et naturellement "négocier un virage".