Ils portent des baskets écoresponsables, mangent des œufs "qui ne tuent pas la poule" et se déplacent en vélo électrique. Dans son dernier livre, l’anthropologue Fanny Parise épingle les apôtres de la consommation responsable, des "enfants gâtés" qui perpétuent un système hyperconsumériste. Loin de la sobriété vers laquelle ils pensent tendre, ces consommateurs se bercent d’illusion et sont empêchés par l’emprise des "nouveaux sauvages", de sortir de cette dynamique. Entretien.
Dans votre livre, vous étrillez la consommation responsable, vous la considérez comme un alibi pour poursuivre un système hyper-consumériste. Pourquoi ?
La consommation responsable, c’est pouvoir concilier les enjeux sociaux et environnementaux avec nos envies de confort. Ce qui signifie qu’on veut continuer à consommer dans notre vie quotidienne mais en choisissant des produits ou des marques qui vont valoriser des valeurs progressistes en cohérence avec la transition environnementale. Mais les marques et les consommateurs de ces produits ne valorisent pas le consommer moins. Ils valorisent le consommer mieux, le consommer différemment. C’est une manière de moderniser l’hyperconsommation du siècle dernier, c’est un paravent.