Le baromètre du 115, réalisé par la FNARS sur le mois de novembre 2014 sur 37 départements, confirme la dégradation des réponses aux demandes d’hébergement et d’accompagnement des personnes sans abri en ce début d’hiver, dégradation qui a poussé les 115 de Haute Garonne et de l’Isère à engager un mouvement de grève.
Au mois de novembre, sur les 17 200 personnes qui ont sollicité le 115 pour un hébergement sur les 37 départements étudiés par la FNARS, 9 000 n’ont obtenu aucune prise en charge. Ils n’étaient que 4 300 dans cette situation en novembre 2013 sur les mêmes territoires, soit un doublement en un an du nombre de personnes ayant appelé le 115 sans obtenir de solution.
Sur Paris, la tendance est identique avec 54 % des demandes qui n’ont pas donné lieu à un hébergement et une progression de 43 % en un an des demandes non pourvues.
Alors que l’Etat a l’obligation de mettre en œuvre le droit à l’hébergement, 52 % des personnes ayant sollicité le 115 en novembre n’ont jamais été hébergées. L’absence de réponse frappe principalement les familles, public majoritaire qui représente 46 % des personnes ayant appelé ce numéro d’urgence.
Si la pression sur le 115 reste quantitativement très élevée, le nombre d’appelants reste stable sur un an. C’est donc la réponse des pouvoirs publics aux demandes d’hébergement qui s’est fortement dégradée :
les orientations vers des places d’hébergement hivernales sont deux fois moins nombreuses cet hiver que l’hiver dernier, ce qui signifie que l’Etat tarde à ouvrir des places en attendant une baisse des températures. La gestion « au thermomètre » de la grande exclusion est donc toujours en œuvre malgré l’engagement gouvernemental –depuis 2012- d’y mettre fin.
75% des appelants sont déjà connus du 115, ce qui signifie que les personnes passent de la rue à l’hébergement précaire, tournent d’une structure à l’autre, sont remises à la rue à la fin de l’hiver, sans jamais bénéficier d’un accompagnement social stable et d’une solution d’habitat pérenne.
l’utilisation massive de l’hôtel, sur les territoires tendus et peu tendus, (+72 % des orientations sur un an) est toujours de mise malgré les engagements de l’Etat de rechercher des alternatives sur les territoires ; ce qui signifie que le dispositif d’hébergement n’est toujours pas adapté à l’évolution du nombre de familles à la rue.
Ces chiffres confirment la situation de crise des 115 et de saturation extrême des capacités d’hébergement à l’approche des grands froids. La FNARS renouvelle son appel à une ouverture immédiate de toutes les capacités d’accueil existantes sans attendre la baisse des températures et demande au gouvernement d’engager immédiatement un plan d’action mobilisant des logements disponibles du parc social et du parc privé pour trouver des solutions pérennes aux personnes.
Elle rendra public ses propositions « pour un accès au logement des personnes sans abri » à l’occasion de ses assises nationales le 15 janvier prochain au Palais de la Femme (Paris 11ème).
Les données statistiques sont issues de 37 départements qui saisissent régulièrement l’activité 115 via le logiciel ProGdis 115/SIAO, soit : Aisne, Alpes-Maritimes, Ardennes, Bouches-du-Rhône, Calvados, Charente, Côtes-d’Armor, Dordogne, Doubs, Drôme, Finistère, Hérault, Ille-et- Vilaine, Indre-et-Loire, Jura, Loire, Loire- Atlantique, Marne, Mayenne, Morbihan, Nièvre, Orne, Puy-de-Dôme, Pyrénées- Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Haute-Savoie, Yvelines, Vendée, Vienne, Vosges, Val-d’Oise, Guadeloupe.